Bisouillons les escargots sous la lune des marigots

Publié le 03 septembre 2010 par Francisbf

Je suis vide, comme une coquille d'escargot abandonnée par son propriétaire légitime, parti gambader auprès de la maman de Bambi, ses petites cornes espiègles chatouillant la truffe métaphorique du fantôme de cette biche morte, parce que lui aussi est mort, mort, après une vie rude où les salades étaient rares et les menaces de grives quotidiennes. La vie d'un escargot, c'est pas Byzance, quand on y pense, ils n'ont vraiment pas de chance. Je rime. Je rime comme un fou, comme un soldat, comme un élevage de tilapias. En faisant des petites bulles. Bloup-bloup, font les tilapias, le soir au fond des bois, avant d'être transpercés par un long bec emmanché d'un long cou. Un cou de héron. Un sale coup de héron. Le héron n'est pas poète, le héron n'est pas esthète, non, le héron est un con. Un con de héron, avec son bec tueur de poètes.

Mais à bien y réfléchir, tout ça ne veut rien dire. C'est fait pour, c'est l'amour. L'amour qui vous prend aux fond des tripes, l'amour qui vous tend la bite. Hoo. C'est vulgaire, et en plus ça ne rime pas. L'amour est décidément une chose sale. Dire que des gens l'estiment supérieur à la soupe à l'oignon. C'est pas pour dire, mais au moins, dans la soupe à l'oignon, on est content d'avoir des croûtons. La soupe à l'oignon démontre par là son infinie supériorité à l'amour, alors même qu'elle sent l'oignon.

L'escargot, lui, sent l'ail. L'ail et le beurre. Il est mort debout, comme il a vécu. L'escargot est un homme d'exception. L'escargot ne craint pas de mourir à la guerre. Il ne jette pas la pierre à la femme adultère. Il n'y a d'ailleurs pas de femme adultère chez l'escargot. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Darwin, dans son ouvrage « De l'amour courtois chez les escargots des villes », à paraître. Je pense que pour les escargots des champs, c'est tout pareil. Les escargots ruraux ne sont pas des malappris. Ils se font des bisouilles sur le bout de leurs cornes d'escargots, comme vous et moi. Enfin, si nous étions des escargots, car ne nous méprenons pas, les bisouilles sur les cornes sont mals vues chez nous. Nous ne sommes pas civilisés comme les escargots. Tout au plus tolérons-nous des choses dégoûtantes avec des appareils génitaux peu commodes. Mais hélas, de cornes sommes dépourvus, comme des bébés zébus. Les grands papas zébus, eux, sont aussi noblement cornus que le plus noble escargot des champs ou des villes, celui qui a élu demeure dans la plus tarabiscotée des carapaces à escargot.

Mais il n'a pas de carapace. Il n'a que de bêtes os, sous la peau. Pleins de moelle. C'est ce qui le rend supérieur à l'escargot dans le pot-au-feu, tout en ne lui permettant pas d'atteindre sa classe innée de propriétaire foncier. Oui, l'escargot a plus de classe que tu n'as de beurre au cul, et d'ailleurs, quand vient son heure, il a aussi plus de beurre au cul que tu n'as de classe, parce que c'est ainsi qu'il part, debout dans le beurre. Géant des temps modernes. Honneur de la nation. Oui, l'escargot est tout ça, et bien plus encore, l'escargot est une muse pour le blogueur mollasson. Lorsque, las et crapoteux, le blogeur mollasson s'avachit sur son canapé devant des séries japonaises pleines de filles à grosses épées, c'est l'escargot qui vient chuchoter à son oreille, lui disant, de sa petite voix humide d'escargot, n'as-tu pas zhonte de négliger ainsi tes lecteurs ? et le blogueur répond bof, chépas. De toute façon, ma vie est nulle, tout est nul, chuis nul, et l'escargot l'attrape par le col et le secoue, et lui dit tu leur dois bien ça, nom d'un chien ! Ce sont tes lecteurs qui t'ont fait ! et le blogueur se dit que quand même, c'est vrai, papa et maman me lisent, alors que faire ? et l'escargot lui dit, parle de bite. Ca a toujours bien marché. Et puis aussi, fais des phrases de trois kilomètres qui veulent rien dire et essaye des fois d'oublier la ponctuation, ça fait artiste. Mais quand même, des fois, aère tes paragraphes, sinon, ça fait cochon.

Et le blogueur l'entend, et suit ses conseils, et ainsi, il parvient à faire une note de blog. Il en a honte, mais bon, c'est mieux que rien.

Mais maintenant, il doit y aller, y'a un chat à nourrir.

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