Les sorcières d’Eastwick, et les veuves d’Eastwick, romans de John Updike

Publié le 05 septembre 2010 par Mpbernet

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La critique de Claude :

John Updike, grand écrivain américain, a écrit avant sa mort, en 2009, une suite à son œuvre de 1984, Les sorcières d’Eastwick. Elle s’appelle Les veuves d’Eastwick.

Vous vous souvenez peut-être du film drolatique de l’australien George Miller (1987) dans lequel Jack Nicholson campait un Satan plus vrai que nature, mis à mal par trois ravissantes sorcières (Cher, Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer), le tout sous une musique que j’ose, tout bien pesé, qualifier d’endiablée.

Tout cela m’a donné envie de lire ces deux romans, ce que je vous recommande vivement.

Sorcières, ces braves dames ? Certes elles n’ont pas leur pareil pour faire lever une légère tempête qui fera fuir des gêneurs, ou, plus grave, pour faire trébucher une bigote dans les perles de son collier cassé, ou encore pour faire vomir des plumes et des œufs à leur meilleure ennemie .

Mais au fond, ce sont des Américaines de la middle class contemporaine, lâchement abandonnées par les hommes avec des ribambelles d’enfants, traçant leur difficile chemin à travers les licenciements, les factures à payer et les calomnies du voisinage. Vous pensez à Desperate Housewives ?

Vous avez raison, les scénaristes de la Série ont fait leur miel de Updike. Et puis, comme nous l’a montré Soprano, les salauds aussi ont leurs problèmes.

Donc un roman jubilatoire, mais en mode mineur, parce que la vie est dure.

Elle l’est encore plus dans le second roman, situé 30 ans plus tard. Nos sorcières ont fini par stabiliser leur vie, mais les voilà dans la décennie du cancer et des infarctus, qui emportent leurs époux. Comme je vois beaucoup de gens tomber autour de moi, je n’ai pas manqué d’avoir le souffle coupé par cette phrase, évoquant un couple confronté au cancer de l’un des époux : « la maladie de Jim les avait fait entrer dans les vallées des souffrants, dans ce grand troupeau de bisons qui court à la falaise de la mort ».

Bon, si vous voulez vous remonter le moral, ressortez toujours le DVD du film ; c’est un petit chef d’œuvre, assez infidèle à l’intrigue du roman.

Penguin Books, chez WHSmith à Paris (en anglais), 308 p. 12,80