Mangez moi, mangez moi, mangez moi…

Par Borokoff

A propos de Piranha 3 D d’Alexandre Aja 3 out of 5 stars

Le « Spring Break » est le nom de la semaine dont bénéficient les étudiants américains au mois de mars pour aller faire la fête aux quatre coins des Etats-Unis, de Miami à Cancun en passant par Tijuana… C’est aussi le moment où un tremblement de Terre se produit sous le Lac Victoria, créant une faille par laquelle s’engouffrent des milliers de piranhas enfermés depuis des siècles, et affamés de chair humaine…

N’allons pas chercher trop loin dans les méandres d’un scénario tortueux à la morale écologique subtile. Piranha 3 D est une série « Z » au scénario inexistant (ce qui n’est pas grave en soi) mais qui enchaîne les trouvailles visuelles aussi gores qu’hilarantes.

Dès le début du film, Piranha 3 D ne s’embarrasse pas des clichés en dépeignant des jeunes « bimbos » refaites et des adolescents bodybuildés qui dansent, à moitié soûls, autour du Lac.

Le cadre est planté. La cible des piranhas aussi. Le film met pourtant du temps à se mettre en route (30 minutes) mais la suite va être un festival de sang, une débauche d’hémoglobine dans laquelle il faudrait être vraiment de mauvaise humeur pour ne pas éclater de rire. Du sexe d’un homme que des piranhas s’arrachent sous l’eau à une fille « tronc » (ses jambes ont été dévorées par les piranhas) accrochée à un parachute, on rit de bon cœur et le gore n’a pas fini de surprendre le spectateur. Un festival de « gore » et dérision dont Aja semble le premier à rire.

Car imaginer le corps d’une « bimbo » blonde sectionné net par un cable électrique relève forcément de l’humour noir. Alors, oui, on est dans la série « Z », parce que l’on sent le manque de moyens, le vide du scénario, mais comment ne pas rire ?

En revanche, lorsqu’Aja confie dans une interview qu’« Il y avait une dimension qu’(il) aimai(t) dans le script, cette idée de la nature qui reprend (ses)  droits, se venge en libérant des poissons tueurs pour se débarrasser de ces dégénérés qui saccagent le lac année après année », on est plus septique..

Difficile  de retrouver cette idée dans le film, comme le sentiment du réalisateur que « l’Amérique (est) une société construite sur la frustration. Le Spring break en est l’expression ultime : c’est la seule semaine de leur vie où tout est permis [...]. Ils s’accordent cette liberté absolue pendant une semaine et y repenseront toute leur vie avec une nostalgie extrême alors qu’ils seront enfermés dans leurs petites existences bien rangées. Je trouve ça assez triste, au final. »

Rien de tout cela dans le film, mais peu importe, on est là pour rire avec ces personnages aux caractères sommaires et au physique uniforme (hormis Jessica Szohr, de Gossip Girl, qui s’en tire avec une classe que les autres personnages n’ont pas). Le déluge d’hémoglobine et de corps décharnés, tous ces squelettes en lambeaux et en sang évoquent davantage Les dents de la mer et La nuit des morts vivants de George A. Romero que le remake de Joe Dante (1978) dont Piranhas 3 D est tiré.

Et dire que les piranhas ne s’attaquent que très rarement aux hommes en réalité…

www.youtube.com/watch?v=bZOug1bc3fQ