Un tartare de tomates trop couillon pour MasterChef

Par Estebe

Bien le bonjour, contemporains avisés

Avant, la cuisine, c’était le partage, les retrouvailles, le plaisir et tout le tintouin. On vous parle d’une période courant grosso modo du paléolithique à la puberté de Cyril Lignac. Avant donc, la cuisine, réunissait. Autour d’une daube, d’un gros risotto moelleux, d’un poulet tandouri (aux larmes). On communiait dans la mastication jubilatoire et dans la déglutition conviviale. Amen.

Ben, maintenant, c’est fini. La cuisine rassemblait; elle exclut. La voilà même qui carbure à la rivalité, à la performance, à la compétition. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à jeter un œil à la cascade d’émissions de télé-réalité tournant autour de la popote. Dans ces Forts Boyard culinaires, le candidat est mis à l’épreuve, chronométré, scruté, jugé, banni. On s’y agite; on y pleure; on y stresse comme un homard devant la marmite bouillante. Avec un but ultime: l’épate (pas les pâtes, banane, l’épate). Il faut que ça brille. Il faut ébahir ses congénères. En mettre plein la vue; les papilles, elles, passent visiblement au second plan.

Rassurez-vous, le Dr Slurp ne s’est pas transformé en censeur passéiste, qui sanglote sur le bon vieux temps en brandissant un index vengeur sous la statue d’Escoffier. Les mœurs changent, voilà tout. D’ailleurs, votre serviteur mate de temps à autre l’une de ces distractions cathodiques; et avec quelque satisfaction à l’occasion.

Mais une chose de sûre, son tartare de tomate à la féta, noix de cajou et olives noires ne passerait jamais la rampe à MasterChef. Trop couillon pour concourir.

Emiettez un bout de féta, mettez-le à mariner avec une grosse lichette d’huile d’olive, quelques gouttes de citron, quelques olives noires hachées menues et trois tours de moulin à poivre.

Ecrabouillez les noix de cajou (grillées et salées); émincez le persil.

Pelez et épépinez une bonne tomate (par bec à nourrir) charnue et mûre, genre Noire de Crimée. Taillez en mini cubes. Pressez au fond d'une passoire afin d'égoutter un max. Puis touillez délicatement avec la féta, l’huile, les olives et le persil. S’il le faut, rectifiez l’assaisonnement d’une pincée de sel et d’un filet de vinaigre.

Moulez en mamelon mignon, en cernant le tartare de miettes de Cajou.

Puis amenez votre assiette devant la téloche. Ya Un dîner presque foiré qui commence.

Tchou