Hurts / Londres / RIBA - 01.09.10

Publié le 07 septembre 2010 par Newwavehooker

La chasse aux 80s est ouverte depuis un bon moment. Malheureusement personne n’ose jamais vraiment s’y aventurer complètement. On est sans cesse pris entre 2 feux, d’un coté les groupes à guitares qui voudraient être Talking Heads, et de l’autre des formations electro qui caricaturent à outrance l’époque, la rendant presque plus indigeste que l’originale. Ecouter un pseudo revival dans les prods de LaRoux alors que 10ans auparavant DMX Krew le réussissait à merveille ne m’intéresse pas vraiment. Ce coté « on y touche mais c’est second degré » fini par être agaçant.Tout le monde est bien gentil, mais les années 80 sont avant tout un moment de pop synthétique FM incroyablement riche. On aime, ou on n’aime pas, c’est assez tranché en ce qui concerne la musique de cette période, mais il y a dans cette décennie des hymnes, des refrains, des titres de stade et des morceaux qu’on peut chanter les bras aux ciels. Un premier degré complètement assumé, complètement tourné vers la mélodie épique et grandiloquente.Sauf qu’aujourd’hui personne n’a vraiment envie d’aller toucher à ça. Personne n’irait lorgner vers « Vienna » d’Ultravox, « The chauffeur » de Duran Duran ou « human » de Human League. Trop Cheesy pour les années 2000. Sans doute. Certainement avons nous perdu l’innocence d’aimer simplement une bonne mélodie. Maintenant il faut de l’attitude, du recul, du second degré, et parfois une dose de sarcasme pour être cool.C’est bien ça qui m’a interpellé lorsque j’ai entendu parler de Hurts il y a quelques mois déjà. Pas de demi-mesure, pas de pseudo rigolade fluo, de synthétiseur de jeux vidéos, rien de tout ça. Hurts a décidé de prendre le contre pied de tout ce revival 80s en reprenant là ou les bonnes choses se sont arrêtées : de la pop synthétique ultra bien produite, et des refrains grandiloquents et mélodramatiques. Tout ça soutenu par une esthétique épurée, glaciale et stylisée à outrance. Apres deux clips, un Ep, et un showcase manqué à l’Olympia cet été pour cause de sono en rade (et oui ça arrive), me voilà parti mercredi dernier à Londres pour voir le groupe jouer une partie de son album « Happiness » sorti hier en Angleterre (cet automne en France).





L’endroit choisi pour ce showcase c’est le Royal Institute of British Architecture, comme son nom l’indique on est pas dans le café du coin, et le lieu va parfaitement au groupe.Rentrons dans le vif du sujet, j’ai trouvé un groupe à la hauteur de ce que j’attendais. Un son parfait, carré, une présence froide mais charismatique et parfaitement adaptée, et des tubes. Alors oui, pas de Ukulélé et petit son bricolage rigolo, de musique de quartier sympa et de ritournelle de baloche comme on adore aujourd’hui en France. C’est bien ce qui me tracasse quand je pense à Hurts ici. Culturellement, je ne sais pas vraiment comment le groupe peut être reçu. Pourtant le groupe a vraiment des gros titres, des tubes en puissances, des chansons imparables (silver Lining, Illuminated, wonderful life, Better than love…), Aucun titre sur scène comme sur l’album ne déroge à la règle : on n’est jamais devant une caricature ou un exercice de style. Il y a bien un son par ci, une mélodie par là qui nous fera penser à Tears for Fears ou Ultravox, ou d’autres groupes de l’époque (même Spandau Ballet mais en plus cool je vous rassure), mais la volonté de Hurts est surtout de renouveler une certaine idée de la pop purement électronique. Jamais ils ne tombent dans le travers « synthétiseur cheap » pour faire « comme à l’époque ». La prod est ultra léchée, ce qui conforte ce coté FM oublié, et on pense souvent aux arrangements d’Alan Wilder pour Depeche Mode, (même Vangelis sur "Evelyn"), plutôt qu’à la distortion turbine des dernières année, tant mieux. Alors oui, c’est une compilation de gros refrain, et le coté épique des mélodies choque pendant les premières écoutes. On est presque mal à l’aise au début devant la facilité des mélodies, mais cette simplicité est en fait la force du groupe. Au bout de quelques écoutes, les titres s’installent et restent en tête, ensuite c’est fini, on ne peut plus se passer de ce disque. Et autant être clair, Better Than Love sera mon tube absolu de 2010 quoi qu'il advienne.
Le groupe sera à Paris à la Boule Noire le 29 octobre et c’est vraiment une bonne manière de l’aborder avant d’entendre le disque et pour se rendre compte de la puissance des morceaux de cet album.