Caracalla

Publié le 11 septembre 2010 par Hoplite

"Aucun être humain n'est illégal, régularisation de tous les sans-papiers"
Ca commençait mal ce matin. La clinique de la Forêt noire qui m'appelle pour que j'aille voir un patient à moi rentré depuis 3 semaines sans que je sois au courant. Déjà ça me met de bonne humeur. Ensuite amener mes deux ainés chez le coiffeur un jour de marché...et enfin en traversant ledit marché -et aprés quelques emplettes festives- je tombe sur le collectif machin de soutien citoyen à tous les clandestins du monde. Bordel! L'ironie est dans le fait que deux secondes plus tôt, je discutais avec un jeune gars qui avait étalé sur deux tréteaux quelques livres subversifs comme Michéa ou l'encyclopédie des nuisances de Riesel (le genre de prose dont ne parlera jamais la Savigneau du Monde toute affairée qu'elle est à étouffer toute pensée originale, la pauvrette). Et un petit livre intitulé "L'imposture écologiste" avec la tronche de fion de Cohn-bandit en devanture...d'emblée ma journée s'est éclairée, allez savoir pourquoi. Et là, je tombe sur ces deux crétins à tracts. Gentils mais cons...je leur prend le tract et on cause:
-moi: vous, vous n'avez pas lu Michéa!
-elle: non, pourquoi?
-parce que si vous l'aviez lu, vous comprendriez que votre combat rejoint celui des multinationales que vous haïssez tant...
-? pourquoi, qu'elle me dit?
-parce que le capitalisme globalisé n'aime rien tant que ces hordes d'immigrés clandestins corvéables à merci pour lesquels vous vous battez et qui concurrencent directement les salariés européens que vous ne défendez plus.
-mais justement, on défend tout le monde!
-ouais, ouais, vous avez lu Lénine? vous connaissez l'expression "idiots utiles"? voilà, vous êtes les idiots utiles de Bouygues, vous savez bien qu'il n'ya pas de travail pour tout le monde et que vos clandestins sont un outil de paupérisation des classes moyennes et déclassement des plus fragiles, que je lui dit (suis capable de faire mon syndicaliste).
Là, j'ai vu qu'elle décrochait la biquette et, de fait, son collègue à barbouze et pull roulé s'est approché, sorte de caricature de Lefuneste! ho putain, me suis retenu de le lui dire!
Comme j'avais pas envie de subir le même discours débile une deuxième fois, me suis barré en pensant à mon apéro (petits accras, lonzu et domaine de Pratavone blanc, une merveille que Jo ne connait pas encore, ha ha!)
Plus tard, je me suis dit que ces deux victimes étaient les héritiers de Caracalla qui avait accordé en bloc (au début du III ème siècle) la citoyenneté romaine à tous les ressortissants libres de l'Empire, quelle que soit leur origine.
Dans son Discours sur l'histoire universelle, Bossuet a commenté en ces termes la mort de la romanité:


"Rome, épuisée par tants de guerres civiles et étrangères, se fit tant de nouveaux citoyens ou par brigue ou par raison, qu'à peine pouvait-elle se reconnaître elle-même parmi tants d'étrangers qu'elle avait naturalisés. Le Sénat se remplissait de barbares, le sang romain se mèlait, l'amour de la patrie, par lequel Rome s'était élevé au-dessus de tous les peuples du monde, n'étaient pas naturels à ces citoyens venus de dehors, et les autres se gâtaient par le mélange."

maintenant écoutons le nouvel hymne du MRAP, "Gustavo"