Kos_bilou : poème Envie d'un autre monde

Par Illusionperdu @IllusionPerdu

Envie d'un autre monde

Envie d'écrire, après un délicieux sommeil enveloppé de chaleur. Moment confus entre le rêve et la réalité, entre le désir et le réel, entre la vie et la mort. Monde pédant, qui asphyxie tant de bons hommes dans un délire perpétuel, et qui s'octroie tant de pouvoirs vis-à-vis de l'infini et de tous ces grains de vie. Je veux aller plus haut, me libérer de lui, de toi ou peut-être de moi-même, je veux me détacher de tout ce monde superficiel dont on est tous si affectés, égal au pistolero dans son désert fantasmagorique.

Envie d'être seul au milieu de nul part et d'aller de l'avant pour découvrir les limites de l'infini, et d'être transporté vers un monde différent où je serai le seul et l'unique moyen de comprendre ce qu'il se passe, et ce qu'il s'est passé. Plus de pognon, d'hypocrites, de douleur, de préjugés, aucun diktat, aucune hiérarchie, juste le vrai, l'existence et l'au-delà. Je serai là, et je regarderai le ciel, rougi par le sang des mondes voisins.

Mais cette terre pure et saine de toute souffrance, me protégera de son aura honorifique. Et le dialogue que j'entretiendrai avec l'écho de ma propre voix, me portera vers de plus hauts sommets. J'entendrai alors cette toute petite voix, d'une élégance rare, qui me montrera le chemin à suivre pour me libérer du fardeau de mes sens exacerbés.

Envie d'être fou, pour ne plus avoir à me préoccuper de ces questions idiotes, celles qui me tourmentent chaque jour, à chaque heure, à chaque moment de solitude de ma vie si tourmentée. Est-ce que la liberté réside dans le Chaos éternel, dans la brutalité quotidienne ou dans l'amour du monde ? Je cherche désespérément… Etre libre. Finalement, c'est ce que nous voulons tous, non ? Et pourtant nous nous étouffons d'un monde tourné vers le sécuritaire, nous privant de notre liberté ; un paradoxe fou, qui nous ronge des pieds à la tête.

Envie de m'expatrier sur un monde oublié que je verrai depuis ma tombe comme une vie momifiée. Etre de chair, vivant à travers les âges, restituant l'image d'une terre d'argile, vivant avec sa conscience fragile, sur les rivages de ses berges ancestrales. Désert sept fois plus noble de sens que la plus grande des pensées antiques, sept fois plus noble de courage que l'odyssée la plus épique, sept fois plus noble de beauté que l'illusion la plus fantasmatique. C'est ici que je me perds, dans la contrée la plus extraordinaire, celle qui persiste au fond de mon esprit grandissant à chaque seconde de ma vie de banni. J'aime à penser que cet endroit existe, certes peut-être pas dans notre monde décrépissant, mais dans ce qui nous attend au-delà du sentiment océanique.

Envie de paroles sans verbiages, de mots remplis du sens de l'infini, de lettres fines et articulées autour de la genèse de mon être. Le monde que je m'approprie sans retenue d'égoïsme, sera intelligible par la vision de rêves poétiques. Paradigme de tant de déterminismes, je fusionne, je m'associe intégralement au sens de cette vérité. Manipulation du langage, déformation macabre, je m'assoie sur ce tas d'illusions, et expire ma vie chaotique.

Envie d'un monde sans fioritures, sans injustices et sans bavures où le crime et l'insolence n'existeront plus. A la cime de mes pas, la droiture et la bravoure traceront le chemin de la sagesse et de la tempérance. Le vent sanguinolent de ma chair, chagriné de ne pas suivre les nuages de mes pensées, se tarira de son souffle mélancolique. Je marcherai sur les mots, comme un aventurier gravirait l'Olympe mais cet Olympe là est parsemé de cavités interminables, montant vers les cieux affables pour élargir les limites du néant. Céans au sommet de l'infini, je me libère de ma contrainte charnelle, et ma vie s'étend vers le souffle d'un sentiment océanique. Zoltan est là pour me guider vers mon ascension tel Dante traversant le Tartare.

Envie d'être au sommet de ma tour, pour scruter l'arrivée d'une quelconques entité. Mais du haut de cette ziggourat, ce désert de complaintes se morfond en méandres ocres, rouges, fascinants. Utopie libertaire, délire fantasmatique, un monde de beauté n'existe pas dans la réalité, seulement dans une perception délurée de nos têtes acéphales. Je serai le cerbère de sa porte d'entrée, l'ange de ce présent imaginaire, de ma liberté inconditionnelle et éternelle.

Envie de cracher mon venin béni, sur les flammes de Belzébuth, car le Naja qui sommeille en moi garde le silence de cette terre de providence. Serpentant dans les dunes chaudes, rougies par ces soleils ancestraux, je maraude les quelques fruits de vie qui subsistent dans cet enclos infini. J'essaie de délimiter cet univers de couleurs, sans peur et sans labeur. Plus de douleurs, juste la chaleur, la douceur et nos coeurs pour admirer ces visions de Charon, dans ce monde vivant de l'imagination.

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