Toy Story 3

Publié le 14 septembre 2010 par Flow

 

Toy Story 3. (réalisé par Lee Unkrich)

La fin de l'innocence.

Même si le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants. C'est à mon sens, la phrase qui caractérise le mieux ce troisième épisode conclusif des aventures de Woody le cow-boy et de Buzz le ranger spatial. La série -et Pixar- atteignent une maturité inédite. Poignant.

 

L'histoire prend place des années après la fin du deuxième opus. Andy, le propriétaire des jouets est à présent un jeune homme sur le départ. En effet, il s'apprête à déménager pour l'Université. Les jouets, qui ne sont plus utilisés sont sur le qui-vive. Que vont ils devenir? Vont ils être donnés? Pire, vont ils finir aux ordures avec l'enfance d'Andy? Alors que certains ont envie d'abandonner, Woody, dont la fidélité n'est plus à prouver, refuse de se résigner et entraîne ses compagnons dans un dernier voyage, sous forme de baroud d'honneur.

La grande évasion.

Le film commence de la même façon que débutait le premier opus, c'est à dire par une séance de jeu. Cette introduction, grandiose, permet de nous replonger dans l'univers imaginatif de ce triptyque et de contempler l'avancée technologique qui a été réalisé en quinze ans (séparant les deux opus). Les deux films continueront de se répondre tout le long, prouvant la maturité du studio. Ainsi, lorsque l'introduction se termine, on se dit que rien n'a changé. Mais il n'en ait rien, ce n'est qu'une vidéo, un reflux du passé, empreint de nostalgie. Car Andy n'est plus un enfant et la fuite du temps est inévitable. Il est temps d'aller de l'avant. Les jouets finissent dans une crèche aux trompeuses apparences. Ils pensent d'abord être utilisés par des bambins jusqu'à l'usure. En effet, des enfants plein de vie (c'est le cas de le dire) qui ne demandent qu'à jouer, des congénères accueillants à l'image de Lotso, l'ours en peluche... Bref, le paradis. Mais il n'en est rien. Cet endroit, n'est qu'une illusion crée par cette peluche victime d'abandon, une prison qui tente d'empêcher le temps de suivre son cours. Woody et ses amis n'ont pas le choix, ils doivent fuir. Cette séquence, qui n'est pas sans rappeler la grande évasion est majestueuse. Pleine d'inventivité, d'humour et de suspense elle fonctionne sur un principe bien connu. Chaque personnage a une tache précise à effectuer dans un temps imparti sans quoi le plan entier s'effondrera. Un modèle d'efficacité.

Humour de jouet.

C'est bien connu, l'humour est un art maîtrisé par les jouets depuis des générations. Ceux du film ne dérogent pas à la règle. Le propos étant assez sombre, une dose de fous rires est la bienvenue. Ainsi, les jouets n'hésitent jamais à sortir des maximes assassines, ou à se mettre dans des situations délicates. L'exemple parfait est le Buzz espagnol. Ce passage hilarant caractérise parfaitement la récréation que constitue le film. On peut citer également les transformations aléatoires de Monsieur Patate, le caméo vocal du clown triste (tout à l'honneur du doublage français pour une fois) et les désopilants Ken et Barbie en vieux couple au bord de la crise de nerfs.

La fin des temps.

Pixar a toujours composé avec le thème du temps qui passe. Les ravages qu'il provoque entraînent avec lui l'enfance, cet âge parfait, dominé par le pouvoir de l'imagination. Comment y retourner, comment l'empêcher de suivre son cours? Un thème si cher à James Barrie, qui l'a conceptualisé dans sa pièce à succès Peter Pan. Si dans les œuvres précédentes du studio cette idée était dissoute au milieu d'autres problématiques (l'accomplissement de soi, l'écologie...), elle a pris petit à petit plus d'importance (Là-haut, l'an passé), avant de parvenir à maturité avec ce Toy Story 3. Ainsi, il faut percevoir ce film comme une gigantesque métaphore représentant l'inconscient d'Andy. Les jouets symbolisant, eux, son innocence qui se bat pour ne pas totalement disparaître. En effet, il n'y a jamais autant eu de symbolisme mortuaire dans un film estampillé Disney. Les poubelles y tiennent une place particulière, jusqu'au climax de la décharge, un des plus intenses jamais vu. Hélas, pas de happy end au programme. Empêcher le temps de suivre son cours est impossible, Andy deviendra un adulte dans tous les cas. Le final, qu'on aurait pu craindre convenu, fait au contraire passer une émotion rare. Voici la réponse que propose le studio à ses interrogations. S'il est impossible de freiner le temps et de repenser à l'innocence de notre enfance avec nostalgie, il nous reste une mission à accomplir: la transmettre, la faire perdurer pour les autres enfants, en un mot la préserver le plus longtemps possible. C'est donc naturellement que le jeune garçon devenu adulte offre ses jouets à une énergique petite fille, avant de jouer une dernière fois avec eux afin de lui offrir ses propres rêves d'enfants. Pixar se donne donc cette mission de préserver l'imagination et l'énergie de l'enfance à travers ses films. Le rendez-vous est pris.

Au final, ce bijou se destine autant aux enfants qu'aux adultes qui ne verront évidemment pas la même chose dans cette aventure. Mais le public qui bénéficiera le plus de l’œuvre, ce sont les jeunes adultes qui étaient enfants lorsqu'est sorti le premier opus (c'est mon cas j'avais sept ans lorsque je l'ai vu au cinéma). Le film acquiert alors une part de nostalgie encore plus importante car l'histoire de ces jouets a bercé notre enfance.

Les+ :

- Drôle

- Intense

- Abouti.

Les- :

- ????????????????????

Note: