Pas d’augmentation du prix de l’essence en Iran

Publié le 15 septembre 2010 par Copeau @Contrepoints
Le gouvernement iranien a retardé d’au moins un mois l’augmentation du prix de l’essence, mesure phare d’un plan de suppression progressive des subventions devant entrer en vigueur à partir de fin septembre, selon un haut responsable cité mercredi par la presse. (AFP) Le quota actuel de 60 litres d’essence accordé chaque mois à chaque automobiliste au prix subventionné (environ 0,10 USD le litre) est maintenu jusqu’au 22 octobre, selon Mohammad-Reza Rouyanian, responsable de l’organisme chargé de la gestion des carburants en Iran, cité par les médias iraniens. Le tarif « semi-subventionné » de 0,40 USD le litre d’essence en vigueur au delà de ce quota est également maintenu pour un mois. Le montant et les modalités de la hausse du prix de l’essence dans le cadre du plan gouvernemental de suppression des subventions n’ont toujours pas été révélés par les autorités, et font depuis plusieurs semaines l’objet de spéculations dans la presse et parmi la population. « La date exacte de l’application du plan sur les subventions appartient au président et c’est lui qui l’annoncera », a précisé M. Rouyanian. Le gouvernement a annoncé la suppression progressive, à partir du mois iranien de Mehr commençant le 23 septembre, des subventions à l’énergie et aux produits de première nécessité. Ces subventions coûteraient actuellement, selon les estimations officielles, quelque 100 milliards de dollars par an au budget de l’Etat, qui a décidé d’assainir ses finances. Le projet gouvernemental, difficilement adopté par le Parlement en janvier après des mois de bataille avec l’exécutif, divise depuis le début le camp conservateur au pouvoir en Iran. Certains responsables, notamment parlementaires ou religieux, craignent qu’il n’ait un effet économique et social dévastateur. Ils redoutent notamment une relance de l’inflation déjà élevée (près de 10% selon les chiffres officiels jugés sous estimés par de nombreux experts), alors que l’Iran souffre par ailleurs d’une faible croissance (1,8% en 2009 selon le FMI, moins de 1% en 2009/2010 selon des estimations citées par la presse iranienne) et d’un chômage important (14% selon le gouvernement, 22% selon le Parlement). Les autorités ont prévu de reverser dès le mois prochain à la population, sous forme d’aides directes, une partie des économies attendues de ce plan afin d’en atténuer l’impact sur les couches les plus défavorisées. Le chef de la Cour des compte iranienne dépendant du Parlement, Abdolreza Rahmani Fazli, a cependant encore fustigé le 7 septembre une réforme « dangereuse », qui va selon lui provoquer « une hausse des prix » et pourrait « entraîner de graves conflits politiques dans le pays ». Outre l’essence, la suppression des subventions concerne le gaz et l’électricité, pour lesquels aucun nouveau prix n’a encore été annoncé. Certains foyers ont toutefois commencé à recevoir, depuis quelques semaines, des factures d’électricité avec des montants multipliés parfois par sept, selon les témoignages recueillis par l’AFP. La suppression des subventions intervient par ailleurs alors que l’Iran commence également à subir les premiers effets des sanctions économiques sévères mises en place cet été par les pays occidentaux, dans la foulée d’une nouvelle condamnation de la politique nucléaire controversée de Téhéran par le Conseil de sécurité de l’ONU.