85. When un americano, una frenchese and un italiano lavorano together in una ferma

Publié le 17 septembre 2010 par Melaniepiqpiq
Cosa?! Un wwoofer américain arriva domani? Quel ne fut pas mon désappointement quand Pasquale m'a annoncé cette funeste nouvelle le lendemain de mon arrivée... Finie l'immersion nella lingua italiana. Je voyais déjà s'avancer le gros Bill avec sa casquette, énonçant ses idées arrêtées en mâchonnant son chewing gum, imposant son English speaking à toute la maisonnée.
A ma plus grande honte (et également à mon plus grand soulagement), je me suis complètement trompée. Déjà il ne s'appelle pas Bill mais David (prononcé à l'italienne ça donne Daviiiiidé) et il vient de San Francisco, ce qui explique probablement beaucoup de choses. Il a été élevé dans une atmosphère très alternative (qui peut se vanter d'avoir été dans une école où les élèves passent plus de temps dehors que dedans?!), a fait une tonne de choses en plus de ses études d'écologie (créé une entreprise-comme tout bon Américain qui se respecte-, bossé dans le bâtiment...) et a déjà pas mal voyagé malgré son jeune âge (25 ans, comme Pasquale. Et oui, une fois de plus je suis la doyenne, et je sens que ça va pas s'arranger avec le temps). C'est donc une personne très ouverte aux autres cultures, y compris au niveau linguistique, et là je dis hat, voire cappello.
Le bon David s'est mis à l'italien en arrivant en Italie (sans aucune connaissance préalable de la langue) et en un mois, il a atteint un niveau tout à fait acceptable en communication malgré de grosses lacunes en grammaire (forcément, il ne l'a jamais apprise) et un vocabulaire plus qu'approximatif. Moi qui n'arrive pas à me débarrasser de mes satanées inhibitions et n'ouvre pas la bouche tant que je ne suis pas sûre d'avoir une phrase à peu près correcte... je l'envie.
Chiara et Marco s'étant accordé quelques vacances (les premières depuis 1 an et demi!!), nous avons passé les 4 premiers jours tous les 3 avec Pasquale dans un joyeux chaos bilingue. Nos conversations sont vraiment folklo, entre Pasquale dont l'anglais est (selon ses propres dires) « scolastico » (mais bon, il est heureusement doté de 2 mains qu'il utilise beaucoup pour s'expliquer, conformément au cliché), David dont l'italiano est plus que basico, et moi qui sers de dictionnaire sur pattes (ou d'interprète ambulante), tant bien que mal. Je ne vais pas me plaindre, ce sont mes 2 langues préférées.
Je ris encore en pensant à David qui ramait avec le mot « cochon »en italien lors d'une discussion agricole.
David: allora, il pigo (nice try but c'est pas ça, NDLB) ham, prosciutto... non lo so.
Pasquale: yeux ronds
Moi: il maiale
Les soirées dans la cuisine sont le théâtre d'interminables discussions linguistiques autour d'une... tisane (mon séjour à la ferme est également l'occasion d'une cure de désintoxication c'est génial). La traduction des plantes aromatiques n'a plus aucun secret pour moi! La sauge, la camomille, le tilleul...demandez-moi, je vous sors la traduction instantanée in italiano or in English, per favore!
A ce propos, saviez-vous que « finocchio »(à ne pas confondre avec le petit bonhomme au long nez) n'est pas seulement le fenouil mais aussi la tapette (et pas celle qui sert à aplatir les mouches).
Contre toute attente ce n'est pas Pasquale (dont l'innocence égale celle de l'agneau dont il porte le nom) qui m'a appris cela mais David: c'est l'un des premiers mots qu'on lui a enseignés dans la première ferme où il a travaillé. Quand je vous dis qu'il apprend vite, le bougre.
Il essaie laborieusement de nous faire prononcer correctement des sons qui n'existent ni en français ni en italien, comme le « i » de bitch par exemple, qui ne se prononce pas comme chez nous (la preuve, c'est que David n'a même pas compris le mot la première fois que Pasquale l'a dit). C'est un i qui tend vers le u. Je précise que notre conversation ne tournait pas autour de la prostitution mais... des chiens de la maison. « Bitch » au sens propre est tout simplement le féminin de « dog » et, contrairement à ce dont j'étais persuadée (et je pense que je ne suis pas la seule), ne veut pas dire «fille de mauvaise vie ». Au sens figuré, c'est à peu près l'équivalent de « chienne »en français, mais il n'y a que les proxénètes qui l'utilisent dans le sens de « prostituée ». « Son of a bitch » est donc plus édulcoré que « fils de pute », ça doit être pour ça que les Américains le disent si souvent...
Un peu plus tard, David nous présente le verbe « hustle » (dont j'ai déjà oublié la signification,shame on me). Je vois un air de perplexité sur le visage de Pasquale: « What, asshole?! ». Forcément... notre Americano venait de nous expliquer pendant 5 minutes que la prononciation de «whole » était la même que celle de « hole »... ah, si on nous avait expliqué ça à l'école, notre prononciation serait peut-être moins pathétique aujourd'hui...
En attendant, je perfectionne mon vocabulaire d'anglais avec mon sympathique compagnon de travail entre 2 pelletées de grain pour les poules, lui enseignant en contrepartie quelques bases de l'italien.
a wheelbarrow with weeds for the goats, a bitch, some chickens, a rooster and Indiana Jones.
Je peux vous faire la même en italien.
Si on m'avait dit que la nécessité m'amènerait un jour à apprendre le mot « brouette » dans 2 langues autres que la mienne...