Pourquoi construit-on (encore) les musées d’art contemporain? (by Stefania)

Publié le 17 septembre 2010 par Lifeproof @CcilLifeproof
crédit photo: http://terrealte.blogspot.com/

Cet été, j'ai passé quelques jours de vacances dans les Dolomites, après des longues années d'éloignement de mes montagnes préférées. Quelle meilleure occasion, entre une randonnée et une pause à base de " polenta e funghi ", de se rendre à Bolzano, où en 2008 un nouveau musée d'art contemporain a vu le jour?
Me voilà donc sous la pluie dans la petite ville du Haut-Adige (dans laquelle on se sent plus en Autriche qu'en Italie, sauf pour la nourriture...) à la recherche de ce haut-lieu de la culture contemporaine, dans ce coin - on dirait (mais à tort) - si perdu d'Italie.

Le bâtiment qui abrite le nouveau Museion a été projeté par le studio d'architecture KSV - Krueger, Schuberth, Vandreike (Berlin). Il s'agit d'un cube avec deux façades transparentes et plusieurs étages consacrés à la collection permanente et aux expositions temporaires. Le caractère marquant de cette institution est d'abord sa dimension européenne (le musée expose des artistes italiens, bien sûr, et régionaux parfois, mais avec une vision élargie aux courants et aux phénomènes de l'art actuel dans toute l'Europe) et puis le fait que les collections permanentes ne sont pas figées dans un accrochage fixe, mais changent au fil des années. Tout cela nous montre un musée qui est au centre du dynamisme culturel de cette région, avec son frère, le MART de Rovereto (à une heure de route d'ici).

Gabriel Kuri, vue de l'exposition "Soft informations on your facts", au Museion, 2010.

Cependant, je ne peux pas dire d'avoir adoré tout ce que j'ai vu lors de ma visite. D'abord l'exposition personnelle de l'artiste mexicain Gabriel Kuri, dont je ne suis pas arrivée à apprécier l'atmosphère d'une froideur extrême et le manque d'épaisseur dans le travail. Les œuvres, à travers lesquelles l'artiste voulait mener une réflexion sur les qualités des matériaux et leur métaphores profondes qui niaient la vision habituelle des choses, n'avaient aucune force d'expression et restaient renfermées dans leur conceptualisme crypté.

Jana Sterbak, Artist as a combustible, vidéo, 1986 (photo: site du Macm, Montréal)

Par contre, j'ai vraiment apprecié l'exposition " Che cosa sono le nuvole ? " dans laquelle on pouvait admirer les oeuvres de la collection privée d'Enea Righi et en particulier une donation du même collectionneur, qui restera dans les salles du Museion pendant dix ans. Grâce à cette collection, j'ai pu voir quelques unes des œuvres qui font désormais partie de l'histoire de l'art contemporain, dont par exemple une vidéo de Jana Sterbak et les portraits partiellement brûlés de Douglas Gordon.

Douglas Gordon, Selfportrait of you + me , 1966

D'habitude, j'essaie de ne pas rater les expositions qui montrent des collections privées sont une occasion précieuse de découvrir des travaux qu'on n'a pas l'habitude de voir dans les galeries et qui restent la plupart du temps enfermés dans des lieux privés. Il faut savoir qu'en Italie il y a plein de collections méconnues mais d'une grande valeur artistique.

L'exposition menait aussi une réflexion sur la dimension intime d'une collection privée, face à la présentation publique dans un dispositif " grand public " comme peut l'être un musée d'art contemporain. Et cette réflexion nous porte à examiner le rôle actuel du musée d'art contemporain : récipient de la " mémoire contemporaine " ? Element central du dynamisme local ? Promoteur d'initiatives en art contemporain ? Gardien d'une tradition régionale ou d'un rayonnement international ?
A votre avis, quelle fonction recouvre le musée d'art contemporain dans la société, la vie et dans nos villes actuelles ?