Roman noir, monument du policier, innovateur, "Le grand sommeil" m'attirait depuis que j'en avais étudié l'incipit, au style si particulier, au cours de ma première année d'anglais. En effet, cet incipit, où nous sommes à peine présentés au narrateur, montre le détective évoluant dans une riche demeure, celle de son futur client, et commentant mentalement la décoration. On entre rapidement dans le vif du sujet.
Marlowe remonte les pistes, une à une. C'est un personnage vraiment particulier, à la naissance d'un genre, celui du détective rusé, cynique, parfois quasi chevaleresque. Un personnage qui se dévoile au fur et à mesure du livre et qui pousse le lecteur à s'interroger sur son passé : pourquoi un tel dégoût des femmes alors que, visiblement, il leur plaît? Pourquoi ce refuge vers l'alcool? Comment en est-il venu à être détective privé? D'autres personnages intriguent le lecteur, comme Carmen ou Vivian. Concernant Carmen, le lecteur hésite à la déclarer stupide ou folle. Quoi qu'il en soit, c'est un personnage fascinant, bien que trompeur : elle est beaucoup plus dangereuse qu'elle en a l'air. J'ai personnellement été assez intéressée par le personnage d'Harry Jones. Pourquoi? Je ne saurais vous le dire.
Roman modernisateur, "le grand sommeil" nous offre les réflexions du héros sur le monde, son métier, la vie, la mort : à noter la fin, où Marlowe, très philosophe, nous livre ses dernières pensées sur la mort, pensées ayant donné le nom du livre. Mais si Marlowe est effectivement un personnage charismatique, et que l'intrigue à tiroirs est indéniablement bien menée, la magie n'a pas opérée sur moi. Je ne me suis pas ennuyée, certes, mais ce ne fut pas le coup de coeur attendu.