Retour sur tableaux

Publié le 19 septembre 2010 par Myriam

Quel ne fût pas mon étonnement à l'exposition "Turner et ses maîtres" lorsque j'aperçus certaines des toiles exposées qui faisaient la part belle à la lumière en se plaçant dans la continuité de celles de Rembrandt (1) et qui m'ont évoqué presque immédiatement les recherches sur la lumière de James Ensor.

Ainsi ce tableau "L'Ange debout dans le soleil" (ci-dessous à droite), peint par Turner en 1846, peut être  mis en parallèle avec "Le foudroiement des anges rebelles" (ci-dessous à gauche), peint seulement quelques décennies plus tard, en 1889, par Ensor. Chez Turner, le trait est encore figuratif alors que chez Ensor, il y a un tumulte effervescent, un tourbillon de traits, qui donne au tableau un caractère inachevé et qui relèverait plus de l'énergie créatrice à la Pollock ou du graffiti à la façon de Basquiat.  


  

Le même rapprochement peut être fait entre "Shadrak, Méshak et Abdel-Négo dans la fournaise ardente" peint par Turner en 1832 et "La Vive et Rayonnante. L'entrée du Christ à Jérusalem", pastel exécuté en 1885 par Ensor.  

 

Turner en couleur, tout comme Ensor en noir et blanc parviennent à "utiliser la lumière comme une force dramatique, à la limite du fantastique et de l'irréel". Pour l'un, au rougeoiement intense, répond la pâleur et la blancheur de la chair et des pierres ; pour l'autre, le contraste entre le foncé du pourtour et les échappées blanches laissées sur le papier permettent à la lumière d'apparaître.

Liberté du trait et de la composition, équilibre entre la forme et la couleur, avec ces deux peintres nous touchons du doigt l'évanescence ...

(1) Voir également un billet intéressant sur le blog Passée des Arts sur Simon Mathurin Lantera