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"A l'école déjà, on se moquait de moi.
On me lançait des cacahouètes, des boules de papiers, des cailloux, des petits pois. Il fallait viser ma bouche ouverte, comme à la fête foraine.
Ca les faisait rire, de me savoir ainsi bloqué à vie par cette maladie.
Et si vous saviez le nombre d'insectes que j'ai pu attraper quand je voulais faire du vélo... Le nombre de tasses que j'ai pu boire à la piscine ou à la mer, quand je voulais nager.
-Tu es un enfant comme les autres, sauf que tu gardes la bouche ouverte, me disait ma grand-mère. Si les autres se moquent de toi, c'est qu'ils sont jaloux, rajoutait-elle en s'imaginant probablement que je pourrais gober n'importe quoi.
Maintenant, avec l'âge, j'ai pris du recul - je prends ça avec philosophie.
Je n'ai plus envie de refermer ma mâchoire toutes les trente secondes pour avaler ma salive. Je gère tranquillement. Sereinement.
Je disais dernièrement à un ami : on a tous des défauts : certains sont juste plus voyants. Ou même trompeurs - quand on me voit sur une photo, par exemple, on a toujours l'impression que je baille et que je m'ennuie. "
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