Point Oméga de Don Delillo

Par Sylvie

ETATS-UNIS

 

 

  Editions Actes Sud, 2010

Voici le deuxième opus que je lis de Don Delillo après Cosmopolis. En cette rentrée littéraire marquée aussi par le Festival America à Vincennes du 23 au 26 septembre, j'ai décidé de lire plusieurs "grosses sorties" américaines.

La première, très différente des autres oeuvres précédentes puisque très courte, 140 pages.

Amoureux du suspense, de l'action, détournez votre chemin ! Nous sommes dans une intrigue quasi beckettienne, dépouillée à l'extrême où les personnages réfléchissent à leur condition dans la plus complète abstraction.

Réflexion sur la nature de la réalité et du temps, tel est le propos de cette intrigue métaphysique et expérimentale.

Le roman s'articule autour de deux "scènes" : la première qui initie et clôt le récit se déroule au Mona de New-York ; un homme, dont on ne sait rien, réduit à l'état de silhouette, est happé par le visionnage de 24 heures Psycho, un film de 24 heures qui étire au maximum le film Psychose d'Hitchcock, en deux images par seconde.

Obnubilé par ce film, il revient le voir tous les jours pour examiner ce que le réel nous cache d'habitude.

A l'autre bout des Etats-Unis, en plein désert de l'Arizona, un universitaire à la retraite, Richard Elster, conseiller spécial pour la CIA sur la guerre contre l'Irak, se passionne pour la théorie de l'extinction de Pierre Teilhard de Chardin. Il cherche à atteindre le Point Oméga de sa conscience, la vérité ultime de son être, en dehors de tout espace-temps concret. Un jeune documentariste le rejoint, souhaitant le filmer racontant son expérience, sans rien autre décors.

La seule action véritable du récit est la disparition de la fille d'Elster, silhouette fantomatique.

Que dire de ces deux intrigues qui vont finir par se lier ? Il s'agit d'explorer la conscience du réel dans un temps étiré au maximum en dehors de notre vie quotidienne et de lui donner une autre dimension. Où en est la conscience de nous mêmes et du monde ? Où en est-on dans l'évolution ?

Le lecteur se perdrait s'il cherchait à tout comprendre. Il faut au contraire accepter de se perdre pour vivre une lecture sensorielle, atmosphérique et non analytique.

Il s'agit avant tout d'une expérience expérimentale où le lecteur se retrouve face à lui-même, dans un autre espace-temps. A découvrir.

"La vraie vie n'est pas réductible à des mots prononcés ou écrits, par personne, jamais. La vraie vie a lieu quand nous sommes seuls, à penser, à ressentir, perdus dans les souvenirs, rêveusement conscients de nous-mêmes, des moments infinitésimaux"