Les fonds Jarislowsky Fraser? Bof et Rebof!

Publié le 22 septembre 2010 par Fabien Major @fabienmajor

Sans hésitation, je peux affirmer que je ne dirigerais aucun client vers les nouveaux fonds de Jarislowsky Fraser avant longtemps. Pourquoi? Malgré tout le respect que j’ai pour ce vieux sage, je dois avouer que Stephen Jarislowsky me perd de plus en plus dans le dédale de ses contradictions. Dans son bouquin « Dans la jungle des placements» il fait le procès en règle des fonds communs, mais… il doit une partie importante de sa richesse à cette industrie!

>SUIVEZ-MOI SUR TWITTER: @fabienmajor

Il vilipende à fond de train l’industrie bancaire et ses frais exorbitants, mais… il recommande chaudement nos grandes institutions financières dans le choix de ses actions…en raison des juteux dividendes! Sur toutes les tribunes, il dit aux investisseurs désabusés qu’ils se font plumer d’aplomb par les vulgaires fonds mutuels, mais… il décide de plonger dans ce marécage nauséabond! N’est-ce pas assez paradoxal?

Croyez-moi, s’il y va c’est principalement parce qu’il y a une piasse à faire et certainement parce que son aura ne cesse de pâlir! Il y a maintenant BEAUCOUP de compétition. Des beaux et gros fonds abordables qui offrent de meilleurs résultats. La réalité est que depuis 24 mois, Jarislowky Fraser perd des mandats à une vitesse épeurante! De gros mandats institutionnels lui glissent entre les doigts. Gestion de placements TD, Gestion d’actifs CIBC, Investissements Manuvie, SSQ Investissements et retraite … remettent en question son savoir-faire. Des gros noms lui retirent la gestion de certains fonds communs ou fonds de retraite. On ne lui enlève pas seulement des mandats internationaux (là où les résultats sont franchement mauvais). Mais on lui retire aussi de gros comptes canadiens. Inquiétant!

Les dirigeants de ces grandes institutions ont-ils été excédés par ses sorties publiques et ses fréquentes morsures à la main nourricière. Après tout, ils ont bien contribué à le rendre milliardaire! Candidement, on a avoué à Stéphanie Grammond de LaPresse que la perte des mandats des grandes banques fut l’élément déclencheur. La poussée nécessaire qui a convaincu Jarislowsky de se lancer dans l’aventure d’une industrie qu’il déteste! Il prétend que les banques qui dominent maintenant l’industrie ont tendance à confier à l’interne la gestion de leurs fonds. Peut-être vrai en partie…

Les paradoxes ne s’arrêtent pas là. Jarislowsky a choisi d’utiliser comme tremplin, la plate-forme de distribution de Banque Nationale. Une banque qui n’a certes pas la faveur des planificateurs et conseillers indépendants et qui a joué un rôle catalyseur dans la crise du papier commercial (PCAA) au Canada. Ce n’est pas pour rien que ce fleuron québécois détient le triste record de la plus forte amende jamais imposée par l’AMF. Ces instruments spéculatifs artisans de la crise financière ont été maintes fois, tailladés, mitraillés et mis en charpies par notre ardent défenseur de la veuve millionnaire!

Mais pourquoi donc, je n’offrirais pas directement les nouveaux fonds Jarislowsky à mes clients?

4-Par conviction et valeurs personnelles, je ne peux encourager Banque Nationale, le plus grand promoteur du papier commercial au Canada.

3-Ces fonds sont constitués en fiducies. Hors du REER, ils sont peu efficaces fiscalement. NET de frais et d’impôt, il y a mieux.

2-Derrière les filtres de TD, CIBC ou Manuvie… c’était rassurant!

ET enfin, MA raison majeure est la même qui sème le doute dans les grandes caisses de retraite, fondations, fortunes privées et grandes banques:

1-Jarislowsky Fraser ne passe plus l’épreuve des faits. On trouve aisément de meilleurs gestionnaires qui réalisent de bien meilleurs résultats nets à moyen et long terme, et ce avec moins de volatilité!

*Les résultats de Jarislowsky Fraser sont bruts, c’est-à-dire présentés AVANT déductions des frais de gestion, honoraires-conseils, garde de titres, frais de transaction, et comptabilité pour l’épargnant… etc. Toutes ces charges sont INCLUSES dans le rendement des fonds communs comparables.