Suppression de la publicité à la télévision : encore ratée !

Publié le 22 septembre 2010 par Nicolas007bis



Dans un précédent billet j’évoquais les sujets marronniers, ceux qui, comme le furet de la chanson, courent, courent et vous repassent régulièrement sous le nez.

Le projet de suppression de la publicité sur la télévision publique est bien parti pour jouer au furet !

En 2008, lorsque Sarkozy triomphant et jubilant avait annoncé, à la surprise générale, que s’en était fini de cette infâme publicité qui impose la course à l’audience elle-même génératrice de programmes médiocres, je m’étais exprimé pour expliquer en quoi cette réforme de la télévision publique avait été menée en dépit du bon sens et dans la précipitation !

« Au lieu de commencer par définir les exigences nouvelles, puis de redéfinir le cahier des charges des différentes composantes de France Télévision, puis de se demander qu‘elle est la meilleure organisation, quel est le budget nécessaire et puis, enfin, de se poser la question du mode de financement, on a commencé par amputer d’1/3 le budget de France Télévision ! »…disais-je !

Et bien, évidemment, au lieu d’aller jusqu’au bout du raisonnement, c'est-à-dire, de compenser le manque à gagner par une hausse proportionnelle de la redevance, qu’est ce qu’on a fait ? Je vous le donne en mille ! on a instauré une nouvelle taxe !

A l’époque mon opinion sur cette réforme typiquement sarkozienne était déjà sévère :

« Cette réforme est l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire ! On lance un projet sans réflexion préalable, on le justifie comme étant la condition sine qua non à une télévision publique de qualité et on commence par amputer celle-ci d’une partie de son financement, on ne se pose qu’ensuite la question de savoir par quoi la remplacer et on ne trouve rien de mieux que de taxer des Sociétés privées de manière tout à fait arbitraire, le tout avant même d’avoir défini ce qu’on entend par « télévision de qualité » et avant d’avoir spécifié les nouveaux objectifs qui devront être fixés à l’audiovisuel public ! »

Je pensais avoir tout dis mais c’était sans compter sur l'incroyable talent de notre gouvernement pour nous surprendre !

En effet, 2 ans plus tard, qu’elle est donc la situation ?

On s’aperçoit d’abord, qu’après 20 heures, la publicité a effectivement disparue mais qu’elle a été en grande partie remplacée par …le parrainage !

La publicité est morte, vive le parrainage !!!...si ce n’est pas une grosse hypocrisie, mais qu’est-ce donc ? je vous le demande ?

Mais ce n’est pas tout, la publicité stricto sensu n’est supprimée qu’à partir de 20 heures et devait défunter complètement à partir de Novembre 2011, or voilà qu’on nous annonce qu’en fin de compte, on va attendre un peu pour la liquider !

Plus précisément, on va attendre 2 ans à partir de sa date théorique de liquidation pour…. aviser : « Après on verra » nous dit Frédéric Mitterrand !

Ce qui nous met donc en ….2014, au mieux !...autant dire que la publicité sur les télévisions publiques a encore de beaux jours devant elle !

Etonnamment, Sarkozy qui n’aurait laissé à personne le soin d’annoncer cette réforme, s’est bien gardé de communiquer lui-même sur ce fâcheux contretemps !

Que cette réforme parte en eau de boudin ne me dérange pas franchement, au contraire, car le moins que l’on puisse dire, c’est que les motivations, les raisons de cette réforme n’ont jamais été extrêmement claires !

Il y a 2 ans j’écrivais :

« Sans même indiquer en quoi la télévision sans pub sera différente de la télévision avec pub, et sans savoir par quoi remplacer ces recettes, on annonce que l’on va se priver de plus de 800 millions (même si un étonnant retour arrière semble avoir été fait pour ne plus avoir besoin que de 470 millions).

800 millions d’euros ça ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval et par les temps qui courent alors que les caisses sont vides (sic Nicolas Sarkozy) et que les prélèvements obligatoires sont trop importants (sic Nicolas Sarkozy) je ne suis pas certain qu’il soit heureux de priver la télévision publique d’une telle manne financière ! »

Qu’avec 2 ans de retard, le gouvernement prenne conscience de ce qui était déjà une évidence il y a 2 ans, c’est mieux que rien, comme dit la locution latine « errare humanum est perseverare diabolicum » !

Non, ce qui me dérange c’est ce que révèle la manière dont a été géré ce projet.

Celui-ci est représentatif jusqu’à la caricature de la méthodologie sarkozienne.

Une réforme est lancée tambours battants, sur des fondements pas forcément très clairs et tout cela sans concertation ni à priori ni à postériori !

Lorsque pour une raison ou pour une autre, on tombe sur un os, inévitable compte tenu de l’impréparation de la chose, on bifurque, on dépiaute la dite réforme en lui laissant juste ce qu’il faut pour pouvoir l’inscrire dans la colonne crédit de son bilan de fin de mandat !

A l’arrivée, on se retrouve dans une situation pas nécessairement meilleure qu’avant et en tout cas plus complexe.

Dans le cas de celle-ci, plus précisément, la publicité existe toujours, sous toutes ses formes, et par dessus le marché on a gagné une taxe supplémentaire.

Cette réforme a , sans conteste, rejoint la longue liste des réformes ratées de Sarkozy !

Pour les autres, je renvoie encore une fois à l’excellente étude de Pierre Cahuc et André Zylberberg « Les réformes ratées du Président Sarkozy » (Editions Flammarion).