Vieux débris

Publié le 23 septembre 2010 par Cieletespace

Vieux débris

C'est la comète surprise ! Une belle visiteuse d’automne qui, si les prévisions se révèlent exactes, devrait enchanter les observateurs du ciel. En effet, nous devrions pouvoir la suivre à l’œil nu et aux instruments, de la tombée de la nuit jusqu’au lever du jour. En matière d’astre chevelu, l’emploi du conditionnel s’impose : il est extrêmement difficile de connaître à l’avance la forme et la luminosité d’un corps glacé qui s’apprête à fondre au Soleil…

On attend pourtant Hartley 2 avec impatience en sachant qu’elle passe “près” de la Terre et qu’en cas de sursaut d’activité, nous serons bien placés pour admirer ses jets, sa chevelure et sa queue. Un spectacle magnifique pour le public, mais aussi une belle opportunité offerte aux planétologues qui pilotent la sonde Epoxi de s’approcher d’un débris de la formation du Système solaire pour en analyser la composition et la comparer à celle des océans de la Terre. Une grande part de leur eau pourrait bien venir… des comètes.

Si ce vieux débris-là nous enchante, ceux dont nous racontons l’histoire dans notre dossier sont moins glamours, mais mobilisent la communauté spatiale comme jamais. En effet, un peu plus d’un demi-siècle après le lancement du premier satellite artificiel, l’espace proche est officiellement “gravement pollué”. Au fil du temps, une ceinture de débris s’est déployée sur l’orbite basse et géostationnaire.

De l’écaille de peinture au satellite hors d’usage, en passant par un inventaire à la Prévert de boulons, tournevis et autres morceaux de métal à la dérive, le constat est aujourd’hui sans ambiguïté : le point de non-retour est atteint ; il faut intervenir !

Sur le papier, la solution est simple : enlever cinq à dix gros objets par an permettrait de stabiliser la situation. Le problème est que ce dépotoir à ciel ouvert n’a encore jamais vu d’éboueur. Et pour cause : avant de concevoir un satellite nettoyeur de débris spatiaux, il faut convaincre les pays pollueurs que la coupe est pleine. Que ce volume-là n’est pas plus infini que celui des terres, de l’atmosphère et des océans.

Que l’utilisation de l’espace proche pourrait bientôt leur être interdite en raison des risques de collisions en chaîne entre débris.

La rencontre explosive entre deux satellites y a contribué, mais le plus dur reste à faire : concevoir un engin capable d’attraper ces “objets non coopératifs” et de désorbiter les corps morts pour les éloigner ou les détruire.

Notre enquête présente les différentes pistes suivies par les ingénieurs pour résoudre ce casse-tête. Armés des lois de la physique, mais aussi de cordes, filets, harpons, ventouses et bras mécaniques, nos Géo Trouvetou planchent sur la conception d’un véhicule spatial inédit, le premier nettoyeur de débris sur orbite.

Mais l’affaire n’est pas seulement technique, elle est aussi morale, juridique et politique.

Préserver l’environnement spatial est une prise de conscience récente qui doit encore s’imposer. S’il est vrai que, dans notre vie quotidienne, nous ne risquons rien, léguer au futur un essaim de débris mortels ceinturant la planète est indigne de notre aspiration à lire dans le ciel l’histoire de nos origines. Et une petite comète est là pour nous le rappeler.

Alain Cirou

Directeur de la rédaction 

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