En bref : Nas & Damian Marley, Slum Village, Godfather Don, Guilty Simpson, Declaime

Publié le 26 septembre 2010 par Crazyhorus

Nas & Damian Marley : Distant Relatives
Dignes rejetons d’Olu Dara Jones et Bob Marley, Nas et Damian portent en eux un héritage à la fois riche et pesant. Après leur collaboration en 2005 sur le morceau “Road To Zion”, et suite à une série de concerts en commun, leur admiration respective les a poussés à joindre leur talent sur un opus tant espéré. Attendu au tournant, le duo joue ainsi les équilibristes sur un ragga-rap de haute volée composé en majorité par Marley qui au final se révèle être un producteur habile, et dont l’assurance ne cesse de croitre. Crossover maîtrisé pour les deux larrons qui s’en sortent avec la manière sur des titres tamponneurs (”As We Enter” sur un superbe sample de Mulatu Astatke, “Nah Mean”, “Count Your Blessings”), à la syncope gracieuse (”Leaders”, “Land Of Promise”) souvent teintés d’africanisme (”Africa Must Wake Up”). Si dans l’ensemble Distant Relatives ressemble plus à un album Damian Marley featuring Nas, force est d’avouer que l’osmose entre le MC du Queens et le natif de Kingston est réelle. A sa manière, le binôme rend hommage à de grands musiciens comme Denis Brown ou Little Roy, un retour aux sources aujourd’hui salué.
*Best tracks : “Nah Mean”, “As We Enter”, “Leaders”.


Slum Village : Villa Manifesto

Les temps sont durs pour le crew de Detroit. Définitivement amputés de J Dilla et Baatin entre 2002 et 2004, T3 et Elzhi forment un groupe exsangue qui ne cesse de s’efforcer de garder la tête hors de l’eau. Malgré les ablations successives, Slum Village conserve encore cette aura liée à leur défunt producteur. Suite à la bonne prestation de leur précédent EP Villa Manifesto (2009), tous les espoirs étaient permis pour le prochain opus, d’autant plus que certaines productions signées Jay Dee et inédites à ce jour s’apprêtaient à être dévoilées... Après une entame heureuse (”Bare Witness”, “Lock It Down”, “Scheming”) signée Khrysis, Dilla et Young RJ, Villa Manifesto glisse très vite vers des productions maladroites sur lesquelles se greffe l’incompréhensible (”Don’t Fight The Feeling”, “Um Um”). Trop lacunaire, l’album aura énormément de mal à séduire le public des premières heures.
*Best Tracks : “Bare Witness”, “Scheming”, “2000 Behind”.

Godfather Don : Properties Of Steel

On en parlait il y a peu, impossible en ce moment d’éviter une sortie du talentueux MC-beatmaker de New York. Entre la réédition de Diabolique (1998), et l’exhumation de titres inédits sur Donnie Brasco, Hydra Records nous régale d’une fine sélection de singles autrefois uniquement disponibles en 12”, aujourd’hui regroupés sur cette géniale compilation. L’occasion rêvée de (re)découvrir le talent sous-estimé de cette grande figure de l’underground au fil de morceaux râpeux tels que “Properties Of Steel”, “Stuck Off The Realness” ou “Burn”, enregistrés dans le célèbre Sneak Tip Bunker de la maison mère. Avec une telle sélection, on se prendrait presque à espérer que le label en possède encore un peu sous le capot pour une hypothétique prochaine.
*Best Tracks : “Burn”, “Da Bomb Baby”, “Stuck Off The Realness”, “Properties Of Steel”.

Guilty Simpson : O.J. Simpson

L’ultra productif Madlib n’en ferait-il pas un peu trop ? En se lançant dans la série des Medecine Show, le producteur d’Oxnard semble avoir perdu quelque peu l’horizon d’attente des auditeurs. Malheureusement pour Guilty Simpson, celui-ci en fait les frais sur cet opus noyé sous les skits et autres interludes jusqu’à frôler l’indigestion. Difficile pour le MC de Detroit d’imposer sa voix massive sur les beats embrumés et nébuleux de son acolyte tant ce dernier occupe tout l’espace. Si quelques titres retiennent péniblement notre attention, le reste confère plus à un marécage sonore qu’à un raz de marée musical chamboulant tout sur son passage. Après l’excellente galette qu’était Ode To The Ghetto, Guilty Simpson illustre à son insu le grand écart artistique que Madlib a opéré entre ce qu’il a réalisé pour le Strong Arm Steady et ce O.J. Simpson.
*Best Tracks : “Coroner’s Music”, “O.J. Simpson”, “Karma Of A Kingpin”.


Declaime : Fonk

Passé injustement inaperçu en ce début d’année, le dernier opus de Mr. Dudley Perkins aka Declaime mérite tout de même qu’on si attarde. Sobrement intitulé Fonk, le moins que l’on puisse dire c’est que ce titre ne trompe pas sur la marchandise. Intégralement produit par un des maîtres du nu funk made in L.A. (Quazedelic), l’album est traversé par une puissance musicale fantastique. Ce funk spectral prend ainsi corps dans de délicieuses lignes de basse charnues où se mêle la voix atypique du MC à celle plus intransigeante de Georgia Anne Muldrow. Il est probable que ceux qui ont apprécié l’excellent Andsoitisaid soient fortement séduits par cette jolie galette bigarrée. 
*Best Tracks : “Fame”, “Light”, “Warrior”.