Des pourparlers maintenant incertains

Publié le 27 septembre 2010 par Tanjaawi
Israël et l’Autorité Palestinienne continuent de faire valoir des positions presque diamétralement opposées au sujet de toutes les questions centrales, y compris au sujet des conditions pour la poursuite des discussions. Cette semaine, le président de l’AP Mahmoud Abbas, qui est sous les feux des critiques palestiniennes et arabes pour s’être soumis à la pression israélo-américaine, a prévenu qu’il ne poursuivrait pas “un seul jour de plus” les pourparlers de paix avec Israël si ce dernier refusait de prolonger de huit mois le gel de l’expansion coloniale, qui doit expirer la semaine prochaine.

Abbas a été cité disant que les discussions continueraient aussi longtemps que le gel de la colonisation. Abbas a réitéré sa position inhabituellement forte après que des collègues au Fatah et à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) l’ait averti qu’ils ne pourraient soutenir des pourparlers continus avec Israël alors que l’expansion coloniale en Cisjordanie, y compris à Jérusalem Est, se poursuivrait.
Les collègues d’Abbas au Fatah et aux comités exécutifs de l’OLP ont argumenté que conduire des pourparlers de paix avec Israël sur fond d’expansion coloniale juive ridiculiserait l’AP et la cause palestinienne toute entière, et présenterait l’AP comme « inféodée à Israël et aux USA et insoucieuse des intérêts nationaux palestiniens. »
Les déclarations d’Abbas ont eu lieu un jour après que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ait dit qu’Israël reprendrait la construction coloniale en Cisjordanie et à Jérusalem Est occupée dès l’expiration du gel, le 26 septembre.
Alors que Netanyahu continue d’insister pour une reconnaissance palestinienne d’Israël en tant qu’Etat juif, les Palestiniens interprètent cette reconnaissance comme une négation totale ou partielle du droit au retour des cinq millions de réfugiés palestiniens déracinés de leurs maisons et de leurs villages en 1948 dans ce qui est maintenant Israël. De plus, une telle reconnaissance impliquerait aussi de donner à Israël le droit d’expulser la grande minorité palestinienne en Israël, qui constitue plus de 23% de la population totale.
En plus de demander la reconnaissance de la “judéité” d’Israël, Netanyahu a de nouveau déclaré que dans le contexte de tout accord de paix final avec les Palestiniens, Israël devrait avoir le droit de déployer des forces le long du fleuve Jourdain. Les Palestiniens refusent cette exigence, aux motifs qu’un tel déploiement réduirait à néant la souveraineté palestinienne et permettrait à Israël de perpétuer son occupation et son contrôle de la Cisjordanie.
En plus de la principale pierre d’achoppement, à savoir la promesse de reprendre les activités de colonisation, les dirigeants israéliens ont introduit la dénommée « affaire Pollard » comme élément de marchandage dans les pourparlers avec les Palestiniens. Bien que les Palestiniens n’aient rien à voir dans l’emprisonnement par les Etats-Unis de l’espion israélien Jonathan Pollard, emprisonné en 1987 pour espionnage pour le compte d’Israël, ce dernier a systématiquement exigé sa libération en échange de concessions accordées aux Palestiniens, comme la libération de prisonniers politiques palestiniens qui languissent dans les geôles israéliennes, comme si les Etats-Unis étaient d’une certaine manière ligués avec le Hamas.
Cette semaine, des sources anonymes du bureau du premier ministre israélien ont rapporté que Netanyahu avait déjà approché Washington avec un marché proposant de prolonger le moratoire sur la construction des colonies en Cisjordanie de trois mois supplémentaires en échange de la libération de Jonathan Pollard. Des sources israéliennes ont dit que Netanyahu chercherait à convaincre les Américains que libérer Pollard aiderait le gouvernement israélien à vendre des concessions sur le gel de la colonisation aux membres de son cabinet et aussi aux colons.
Entretemps, le Ministre faucon des Affaires Etrangères israélien Avigdor Lieberman a appelé au nettoyage ethnique des citoyens non-Juifs d’Israël – en particulier arabes – si ces derniers ne reconnaissaient pas la suprématie des Juifs sur les non-Juifs en Israël. Un leader arabe, ancien membre de la Knesset israélienne, a rétorqué : « Nous étions ici des centaines d’années avant que ce voyou ashkénaze ait immigré sur notre terre depuis un pays lointain, il y a quelques années. Par ailleurs, il est évident que Lieberman tente de mimer et même d’imiter les nazis qui ont demandé, eux aussi, que les Juifs allemands reconnaissent la suprématie des Allemands sur les non-Allemands dans toute l’Allemagne. »
Des sources palestiniennes proches des pourparlers de paix ont laissé entendre qu’Israël envisage d’introduire toute une série de questions de diversion pour embrouiller et épuiser les négociateurs palestiniens. Ces diversions incluraient des compensations pour les « réfugiés juifs » du monde arabe et la possibilité de les placer sur un pied d’égalité avec les réfugiés palestiniens, et de purger les manuels arabes de tout « antisémitisme ». Pour les Palestiniens, de telles exigences ne sont que des magouilles de propagande israélienne.
Traduction : MR pour ISM

 Al Ahram  27/09/2010 - http://www.palestine-info.cc/Fr