Nous étions des êtres vivants

Publié le 28 septembre 2010 par Auroretaupin


Sujet peu ordinaire que celui choisi par Nathalie Kuperman : le plan social. L'auteur nous installe au coeur d'une imprimerie parisienne en faillite rachetée par un homme d'affaires forcément peu scrupuleux. Résignés au licenciement, surpris par le rachat, les employés ne savent plus comment réagir à cette nouvelle, doutent, sourient, grimacent, hésitent.
"Nous avions cessé d'y croire. Retourner à l'espoir n'est pas chose facile"
Nathalie Kuperman nous fait nous glisser dans la peau de quelques-uns : Ariane, la froide calculatrice, Patrick le suiveur déterminé, Marine la nouvelle DG, Dominique nommée bras droit, Agathe vieille fille encombrante. Tous nous livrent peu à peu leur stratégie pour se fondre dans le nouveau moule du rachat.
Dans la foulée s'en suit un déménagement vers de nouveaux locaux, synonymes de la réalité du changement. Pendant que l'on fait et défait les cartons, certains gambergent sur les licenciements, d'autres intriguent pour s'assurer une place dans la nouvelle structure hiérarchique, encore d'autres rêvassent en emballant méticuleusement leurs affaires.

L'auteur fait vivre ses personnages comme dédoublés : les pensées les plus intimes, évocations de leur vie extraprofessionnelle, inquiétudes pour les enfants, problèmes de parents à charge racontés par les personnages eux-mêmes, et leur vie professionnelle, passée au peigne fin par leurs collègues, portraits des uns et des autres tels qu'ils sont vus comme "employés".

Nathalie Kuperman décrit une solidarité de façade qui ne demandera qu'à s'effriter à la première nomination, au premier recommandé de licenciement. Certains sauront faire face à cette désillussion, d'autres non. "Nous savons pourtant que la chance d'être ensemble s'arrêtera là om chacun devra tirer son épingle du jeu"
Une incursion réussie dans le monde du travail.