Souder un pont differentiel ?

Publié le 17 décembre 2007 par Nicolas Koenig
Qu’est-ce qu’un différentiel ?

Un différentiel est un système mécanique ayant pour fonction de distribuer une vitesse de rotation par répartition de l’effort cinématique, de façon adaptative, immédiate et automatique, aux besoins d’un ensemble mécanique. Par exemple, il est très utile sur un véhicule automobile où il permet aux roues motrices de tourner à des vitesses différentes lors du passage en courbe : les roues situées à l’extérieur tournent plus vite que celle situées à l’intérieur.

Lorsqu’une des deux roue perd de la vitesse, la vitesse de l’autre roue augmente d’autant. Pratique pour faire des manoeuvres de parking ou rouler pépère, mais en drift, ce procédé est désavantageux. L’effet inverse est beaucoup plus intéressant : envoyer le couple sur la roue qui perd de la vitesse, afin de ne pas la laisser ralentir par rapport à l’autre. Ce phénomène est indispensable pour qui espère tenir une glisse fluide, longue, et donner de l’angle à son drift. Les différentiels autobloquants, ou différentiels à glissement limité, assurent cette fonction grâce à un système de disques d’embrayages (nous y reviendrons dans un prochain article).

Cependant, un différentiel autobloquant coûte cher (comptez autour de 300 Euro pour un autobloquant d’occasion sur une Nissan 200SX RS13). Heureusement pour nous, drifteurs low-cost, il existe une solution simple, efficace et pas cher : la Maaf le différentiel soudé.

Le différentiel soudé

Ci-dessus à gauche, le schéma d’un différentiel. A droite, la photo d’un différentiel soudé. Commençons par en présenter les composants :

  • la courrone, en bleu. C’est par là qu’arrive la puissance (grosse flèche rouge), via le pignon d’attaque que l’on devine en bas à droite de la photo (perpendiculaire à la courrone).
  • Le satellite, en vert. En pratique, la plupart des différentiels ont deux satellites pour des raisons de fiabilité. Lorsque les deux roues évoluent à la même vitesse de rotation, les satellites ne tournent pas. Lorsqu’une roue perd de la vitesse, les satellites sont entrainés et transmettent ainsi le couple excédentaire à la roue opposée.
  • Les planétaires, jaune et rouge, chacun reliés à une roue.

Vous l’aurez peut-être compris, il suffit d’empêcher les satellites de tourner pour bloquer les roues ensemble à la même vitesse. Concrêtement, on soude les satellites aux planétaires pour empêcher leurs mouvements relatifs. De cette manière, les deux roues tourneront toujours à la même vitesse quelles que soient les circonstances. Pour le drift, c’est un plus indéniable !

  • Commencez par trouver un différentiel en rab, parce que l’opération est irréversible. Pensez à la revente éventuelle de la voiture !
  • Trouvez quelqu’un qui sait souder.
  • Démontez le pont de la voiture.
  • Sortez le mécanisme de son carter et nettoyez bien les résidus d’huile (astuce : utilisez du gazole, ça dégraisse bien).
  • Soudez les planétaires aux satellites afin de les immobiliser. Evitez de souder au MIG, car en général les soudures tiennent mal. Préférez la soudure à l’ARC ou au TIG. Sur la photo, le différentiel est rempli de soudure, une plaque supplémentaire à été soudée au centre de la cage. Inutile d’aller jusque là, de bonnes soudures sur toute la longueur de chaque roue dentée suffisent amplement.
  • Une fois l’opération terminée, nettoyez bien la courrone de tous résidus. Vérifiez vos soudures et vérifiez bien sûr que le différentiel tourne toujours…
  • Remontez le tout sur la caisse et… Drift !
Conclusion

Souder un différentiel ne le fragilise pas, cependant, cela accélérera l’usure de certaines pièces périphériques comme les silent blocks (et les pneus, mais c’est une autre histoire !). Pensez également à vérifier régulièrement le serrage des cardans.

Avec un différentiel soudé, vous remarquerez un changement notable du comportement routier de la voiture. Puisque maintenant, aucune des deux roues ne peut prendre de vitesse par rapport à l’autre, cela empêche le train arrière de changer naturellement de direction. Le sous-virage s’en retrouve accentué, et cela vous obligera à mieux travailler vos entrées de virages : transferts de masse, freinages, et techniques telles que le frein à main ou le blocage de transmission (shift lock). Une bonne chose, en fait : ce sera l’occasion de travailler des techniques de drift autres que le power over. Puis, lorsque vous en aurez les moyens, dotez-vous d’un véritable autobloquant afin de gommer définitivement ce défaut de sous-virage excessif.

Petit bémol cependant sur route ouverte, lorsque vous roulez vite, la voiture décrochera plus facilement, surtout sur sol glissant. Assurez-vous d’avoir la maitrise de votre bolide avant de tenter des folies. Cependant, rien d’insurmontable, rassurez-vous. Allez-y progressivement, le pont soudé est une très bonne école de drift.

Source : souder un pont différentiel sur Drift Project