Torture anti-gay

Publié le 28 septembre 2010 par D.ieu Nous Aime...
Au Sénégal, Amnesty International dénonce le recours à la torture dans le pays, dans un rapport qui mentionne les sévices subis notamment par neuf gays présumés arrêtés en 2009.

Amnesty International parle d'"un recours à la torture cautionné par la justice".
C'est le constat dressé dans le troisième chapitre de son rapport "Sénégal, terre d'impunité", publié le 15 septembre 2010.
Salvatore Saguès, chercheur et coauteur du rapport, explique "L'originalité de ce document est de montrer que la torture est vraiment une méthode d'enquête routinière. La seule manière pour beaucoup de policiers ou de gendarmes d'obtenir des informations est d'extorquer des "aveux" sous la torture. Et à chaque fois qu'une personne jugée se plaint de torture, le parquet n'enquête pas et prend en compte les "aveux"".
Amnesty International cite entre autres le cas des neuf homosexuels présumés condamnés à huit ans de prison ferme le 6 janvier 2009.
Ces militants de Aides, association de lutte contre le sida, avaient été libérés quatre mois plus tard après une intense mobilisation nationale et internationale.
Salvatore Saguès indique que lorsque ces militants ont été interrogés en détention, ils ont décrit des tortures dès leur arrestation dans l'appartement, avec des coups de matraque sur tout le corps.
On les a fait agenouiller et croiser les bras.
A un moment, ils étaient comme dans un cercle, avec les policiers à l'intérieur et deux autres à l'extérieur qui les ont battus pendant une ou deux heures, tantôt avec les matraques, tantôt avec les pieds. (...)
Si d'habitude les tortures s'achèvent quand les victimes ont "avoué", dans ce cas, en prison, ils ont encore été frappés, insultés, montrés comme des animaux de foire, que ce soit par des policiers ou d'autres détenus qui demandaient "Où sont les pédés, je veux les voir!"
Ce traitement est heureusement pas généralisé.
Il y a beaucoup d'homosexuels qui, quand ils parviennent à ne pas se faire remarquer, ne sont pas victimes de tortures.
Relativement peu d'homosexuels sont en effet arrêtés, en vertu de l'article 319 du code pénal, qui criminalise "tout acte impudique ou contre-nature avec un individu de son sexe", d'un maximum de cinq ans de prison, mais ce qui est inquiétant est que la persécution est importante au sein des familles, dans les bus, les habitations...
Ce sont des vexations ou des discriminations qui ne sont pas le fait de la Police mais de la population.
Pour tous les cas, Amnesty International demande des enquêtes sur ces actes, que les responsables soient punis et que les victimes aient réparation financière et morale.
Dans le cas des neuf homosexuels, leurs condamnations ont été annulées mais les auteurs de torture n'ont pas été poursuivis et les victimes n'ont pas reçu réparation.
La plainte doit suivre son cours. Mais pour le moment, Amnesty International n'a eu aucune réponse de la part des autorités sénégalaises.
Seigneur, protège nos frères gays de la barbarie.