MOINES DE TIBEHIRINE Le général Rondot accuse le GIA

Publié le 29 septembre 2010 par Amroune Layachi

ASSASSINAT DES MOINES DE TIBEHIRINE Le général Rondot accuse le GIA et écarte une manipulation du groupe islamiste

L'enlèvement et l'assassinat des moines de Tibéhirine en 1996 est l'oeuvre du Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni qui bénéficiait d'une certaine marge de manoeuvre de la part des services algériens, a dit le général Philippe Rondot lors de son audition par un juge antiterroriste. Le général Rondot, qui a été entendu lundi par les juges antiterroristes Marc Trévidic et Nathalie Poux, était chargé de mission à la DST (contre-espionnage) à l'époque de l'enlèvement des moines.

Pour le général, "c'est un groupe affilié à Zitouni, sinon Zitouni lui-même" qui est responsable de l'enlèvement et de l'assassinat des sept moines trappistes au printemps 1996, selon le procès-verbal de l'audition qu'a pu consulter l'AFP mardi. En revanche, "les services algériens ont probablement laissé fonctionner Zitouni car celui-ci a éliminé beaucoup de groupes concurrents. Autrement dit, il a éclairci le terrain", a-t-il précisé. La thèse d'une manipulation de Djamel Zitouni, voire d'une bavure de l'armée algérienne, figurent parmi les pistes explorées par les enquêteurs français.

Déjà entendu par le juge Jean-Louis Bruguière, alors chargé de l'enquête, en décembre 2006, le général Rondot avait livré une version similaire, affirmant parallèlement n'avoir "aucun élément qui irait dans le sens d'une +manipulation+ des services algériens". "Je n'ai aucun élément crédible que j'aurais pu recueillir qui permettrait d'affirmer que les services algériens (...) auraient été complices" de l'enlèvement, a-t-il répété lundi.

Peu après le rapt des sept moines dans leur monastère de Notre-Dame de l'Atlas, au sud d'Alger, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, le général s'était rendu à Alger pour le compte de la DST pour s'informer auprès du général Smaïn Lamari, patron de la DCE algérienne (Direction du contre-espionnage) en lutte contre les maquis islamistes. Le GIA avait revendiqué l'enlèvement et l'assassinat des sept moines de l'Orde de Citeaux de stricte observance.

Plus généralement, le général a livré aux juges un témoignage prudent et limité, refusant fréquemment de répondre pour ne pas livrer ses sources ou évoquer des éléments toujours classés secret défense. Il a notamment été interrogé sur plusieurs de ses rapports déclassifiés et carnets, versés à l'enquête, dans lesquels il consignait ses faits et entretiens.
Dans un de ses rapports daté du 27 mai 1996, soit six jours après l'annonce par le GIA de la mort des moines, le général Rondot écrit que la DCE "se doit d'éliminer (..) Zitouni" et que "c'est notre devoir de l'encourager". "Pour moi, l'assassinat des moines a représenté un crime qui était sans commune mesure avec ceux que Zitouni avait pu commettre dans le passé", a expliqué le général aux juges.

Pour l'avocat de plusieurs parties civiles, Me Patrick Baudouin, "il est étonnant qu'il ait fallu attendre l'assassinat des moines" pour que Zitouni soit ciblé. "Il ressort de ces déclarations que Zitouni, s'il n'était pas manipulé, servait pour le moins les intérêts des services algériens", a-t-il dit à l'AFP.

Sur l'hypothèse d'une bavure de l'armée algérienne, qui aurait tué par erreur les moines lors d'une opération, le général Rondot a dit n'avoir eu "aucune information" à l'époque sur l'existence d'une opération militaire, précisant avoir découvert cette possibilité par la presse. L'hypothèse d'une bavure émane du général François Buchwalter, ancien attaché militaire français à Alger, pour qui les moines ont été tués dans un raid d'hélicoptères militaires alors qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de djihadistes.

divers/le-general-rondot-accuse-le-gia_12370.html">http://www.tsa-algerie.com/divers/le-general-rondot-accuse-le-gia_12370.html