On m’appelle enfin pour m’annoncer la huitième réponse négative, en à peine trois ans, à ma demande de sortie. Spécialistes en dépouillement de ce que nous pourrions vivre, expérimenter et connaître en dehors de nos frontières, les fonctionnaires du DIE m’informent que je ne suis pas « autorisée à voyager pour le moment ». Avec ce « non » bref – prononcé presque avec délice – j’ai perdu la possibilité d’être présente au 60ème anniversaire de « l’Institut de la Presse Internationale » et à la présentation de « Internet pour le Prix Nobel de la Paix » à New York. Un tampon sur mon dossier et je me suis vue obligée d’intervenir par téléphone aux activités de « Turin capitale européenne des jeunes » et à appeler les éditions Brûlé pour qu’elles lancent « Cuba Libre » à Montréal en dehors de ma présence.
L’absurde administration de l’émigration s’est interposée entre mes yeux et les rayons remplis de la Foire du Livre de Francfort, entre mes mains et cette compilation de mes textes qui verront le jour au Festival de Littérature de non fiction en Pologne. Je n’irai pas non plus à la Foire du journalisme de Ferrare ni à la présentation du documentaire à Jequié au Brésil ; je ne participerai pas davantage au « Congrès des Femmes leaders du Millénaire » à Valence et je ne serai pas non plus à Cuneo pendant les journées « Scrittori in Città ». On n’entendra pas ma voix à LASA dont j’ai reçu une invitation officielle et c’est à distance que je devrai savourer la présentation de mon livre Gestion et développement des Contenus sur WordPress.
De tout ceci et d’autres choses encore ils m’ont dépouillée. Pourtant ils me laissent – comme s’il s’agissait d’un châtiment – en contact avec la matière première fondement de mes écrits, en contact avec cette réalité de laquelle je ne me pardonnerais pas d’être absente.