[Critique DVD] La tête en friche

Par Gicquel

D’après le roman de Marie-Sabine Roger

Je ne sais pourquoi, mais ce film me fait penser aux photos du calendrier des Postes. C’est mignon tout plein, mais ça n’a pas d’âme. Le cadre est joli, mais sans véritable contenu, ou alors juste une image fugace que l’on reverra un jour en fond d’écran.
Jean Becker, passe-partout, ça me chagrine (« L’été meurtrier », « Elisa » ,quand même… ) , d’autant que ses comédiens sont de franches lignées.Depardieu dans « Mammuth »  ( voir ce blog) avait une toute autre allure. Mais cette histoire de garçon bêta sympathique découvrant le pouvoir des mots, grâce à une vieille dame, est racontée de façon tellement plate qu’elle en devient peu crédible.
Autour de cette trame, imaginée d’après le roman de Marie-Sabine Roger le cinéaste concocte un univers doucereux avec une famille que l’on a envie d’aimer, des copains, des amours, la mère exceptée qui depuis l’enfance traître son nigaud de fils plus bas que terre.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Voyez l’ambiance dans le bistrot quand tout le monde se moque du héros (on lui parle de Guy de Maupassant, et il cite le guide Michelin), alors que la maman s’apprête à lui dévoiler le nom de son papa. Mais la révélation sera une méchante farce.
On imagine un instant, un instant seulement, Sacha Guitry redécouvrant « La poison »  ( toujours dans ce blog ) mais l’ambiance et les dialogues n’y sont pas. Juste un peu du décorum franchouillard qui pose les bases d’un pays policé, sans relief. A l’image de la mise en scène, d’une naïveté confondante

Quand Germain retrouve ses copains, c'est toujours au bistrot

Son auteur est resté selon moi trop distant de son sujet, ne voulant pas s’immiscer, et prendre position dans cette relation entre deux grands comédiens Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus. C’est encore plus vrai sur les seconds rôles pour lesquels un Patrick Bouchitey débridé, et c’est la course folle à n’importe quoi.
Je n’insisterais pas sur les flash-back maladroits, la faiblesse du scénario de Jean-Loup Dabadie et un final heureux qui confine au conte de fée. Pas de quoi se prendre la tête, même en friche.

LES SUPPLEMENTS
Making of
Un peu à l’image du film, tranquille et sans surprise. Jean Becker en rappelle la trame, au milieu de plusieurs scènes de tournage et quelques anecdotes amusantes. On voit ainsi le réalisateur menaçant tout possesseur de téléphone portable en marche d’un retour direct par le TGV à la case départ.
Plus sérieusement, il prend plusieurs fois la pause à la place des comédiens « pour voir si ce que je leur demande est faisable. Je ne joue pas, je caricature, je ne montre pas ce qu’ils doivent faire, mais le parcours et le rythme que j’ai dans la tête ».

Les pigeons ont aussi beaucoup d'importance pour le réalisateur

Les références littéraires
Comme le sujet du film est aussi la découverte de la littérature, plusieurs extraits sont lus par la vieille dame que joue Gisèle Casadesus. On les retrouve dans ce bonus et c’est une bonne idée. « Le vieux qui lisait des romans d’amour » de Luis Sepúlveda, « La peste » de Camus, « La promesse de l’aube » de Romain Gary…