La famille monoparentale serait-elle devenue la "norme"?

Publié le 30 septembre 2010 par Etsinonrien
Loin de moi l'idée de porter un jugement sur le divorce ou la séparation. Chaque histoire de couple est personnelle, passionnelle et douloureuse aussi, parfois. Difficile donc de brandir des arguments aussi simplistes que les "pour ou contre" ou les "il faut que / il n'y a qu'à".
Je pars simplement de ce constat fait à partir de mes relations ou de mes connaissances, qui, je l'avoue, m'effraye un tant soit peu.
Depuis que Lolotte, ma fillotte, fréquente l'école, soit depuis 5 ans maintenant, j'ai vu des familles se déchirer, des parents rompre et des enfants se retrouver partagés entre deux maisons, deux modes de vie, deux familles. 
Combien d'invitations déclinées par les copains / copines parce que "samedi, je vais chez mon père..."Combien de malentendus à l'école avec le maître ou la maîtresse parce qu'un des parents n'a pas fait passer l'info à l'autre... Par vengeance, par simple oubli, par étourderie...Combien d'enfants qui trimballent un sac plein d'affaires pour cause de  garde alternée...
Alors, je me prends à regarder mon couple et la famille que j'ai fondée avec Jules et j'ai le sentiment d'être une espèce en voie de disparition. Je me demande également si je suis vouée au même sort, ce que je ne me souhaite pas particulièrement. Mais Jules approchant de la quarantaine, qui sait s'il ne va pas me péter entre les doigts et me quitter pour une plus jeune, plus belle, plus libre. Ou peut-être aurai-je envie de changement moi-même, peut-être vais-je rencontrer un homme qui va tant bouleverser mon cœur que je serai prête à abandonner tout ce que j'ai construit pour le suivre.
Fort heureusement, nous avons le droit, dans la société actuelle, de choisir notre âme soeur et d'en changer s'il n'y a plus d'amour, avant de s'engluer dans des conflits sans fin. C'est, bien évidemment, à mes yeux, une liberté fondamentale tant pour l'homme que pour la femme.
Fort heureusement, il y a des familles qui se recomposent et qui en sont heureuses, même si ce n'est pas toujours aussi simple que ça d'accueillir et d'accepter l'enfant d'un autre au sein de son foyer, ou de trouver l'équilibre et l'équité entre des enfants issus de différentes fratries.
Ce dont je suis intimement persuadée, c'est que nous, les enfants de la fin du 20ème siècle devenus parents depuis, sommes assez mal armés pour affronter les difficultés de la vie. Élevés à base de facilité (nouvelles technologies, surconsommation, mondes virtuels), nous contournons chaque obstacle à notre liberté et notre bonheur, mais nous ne savons pas lui faire face et essayer de le vaincre.
Ainsi, il semblerait qu'avoir un enfant constitue un obstacle dans la vie d'un couple qui, bouleversé et ayant perdu ses repères, n'arrive plus à retrouver la stabilité d'avant et préfère se séparer plutôt que d'avancer ensemble dans la difficulté.
Je ne dis pas cela en l'air, je le dis car je l'ai vécu moi-même, deux fois. J'ai deux enfants et chaque naissance a été un véritable déchirement dans mon couple, une source de conflits et d'incompréhension, nous poussant souvent au bord de la rupture. Jules et moi avons une vision assez vieille école de la famille, ce qui nous a fortement donné envie de tenter de résoudre nos problèmes ensemble plutôt que séparément. Et je crois que nous  sommes arrivés à trouver un équilibre entre notre vie de couple, nos enfants et notre liberté individuelle.
Même si j'en suis fière, je ne jubile pas, car je sais que notre société peut rendre cet édifice bien fragile d'un jour à l'autre. Je me demande simplement combien de parents sont vraiment heureux de se séparer sans considérer cela comme un échec.