« L’homme qui arrêta d’écrire » MEN

Publié le 02 octobre 2010 par Hlmag

J’aimerais tant avoir son courage et sa liberté d’esprit. Marc-Édouard Nabe est peut être un des seuls écrivains français vivant que l’on peut, sans doute aucun, nommer Écrivain. Un Écrivain avec un E majuscule qui écrit pour dire la vérité, qui écrit sans bornes  en évitant de faire passer ses idées dans un prisme déformant qui empêche d’écrire ce que l’on pense, un Écrivain qui écrit pour dire. Nabe possède un style à part, reconnaissable entre mille mais surtout Nabe est quelqu’un qui dérange et ennui. Son talent littéraire rendrait jaloux n’importe quel écrivaillon télégénique, mieux, son génie agace les Best-sellers visibles dans des émissions de promo où l’on évoque davantage la plastique de l’invité que le contenu de son bouquin. Nabe, lui, écrit des livres, pas des bouquins qui font la part belle à un léchage de cul permanent envers le lecteur.

Dans l’homme qui arrêta d’écrire, MEN nous promène dans un Paris plus vrai que nature, le sien, avec des personnages tantôt drôles, tantôt émouvant. Il déambule dans la capitale, fait des rencontres, boit, rit, discute, explique, décrit, bref, il vit! Nabe est en avance: il analyse un siècle qui vient de se terminer et un autre qui débute avec une justesse désarmante. Il a compris la génération Internet, la génération télé, la génération jeu vidéo et il se demande ce que devient la génération littérature, la génération de l’écrit. Certains passages sont à se tordre de rire, d’autres, comme celui où sonne la fin du journalisme et de la presse écrite traditionnelle, font froid dans le dos. Nabe est aussi émouvant lorsque qu’il nous parle d’amour, lorsqu’il évoque sa mère et quand la nostalgie d’un heureux passé surgit sans crier gare. Il nous fait également rire lorsqu’il croise le tout Paris où lorsqu’il se retrouve avec Ardisson dans une boite échangiste.

Il faut lire « l’homme qui arrêta d’écrire ». Taxé de tous les maux, Nabe est avant tout un homme de l’écrit qui a oublié de mettre ses mains dans les poches. Il préfère qu’elles couchent sur le papier des mots qui se font de plus en plus rares…

Nabe vend son roman sur son site Internet. Il snobe de belle manière toutes les maisons d’éditions qui pensent argent avant de penser talent. Marc-Édouard est quelqu’un que j’admire et que je ne connais pas. Par contre, l’Écrivain qu’il est a très peu de secret pour moi…

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