L’analyse de la télévison selon Arnaud Montebourg

Publié le 04 octobre 2010 par Francoisjost

Si on m’avait dit que je défendrais un jour la programmation de TF1, je ne l’aurais pas cru! Mais je ne supporte pas les slogans à l’emporte-pièce style Montebourg. Il a déclaré hier que TF1 était une “chaîne à tradition délinquante par rapport à ses obligations”. Pourquoi?
“Regardez le nombre de meurtres, de viols, de crimes qui sont mis en scène, scénarisés dans toutes les séries, les films qui sont choisis par cette chaîne !”, a-t-il poursuivi.

Alors qu’elle a été “privatisée sur un contrat, le mieux-disant culturel”, “il y a une sorte d’escroquerie finalement”, a-t-il jugé.

Ce type d’argument sépare vraiment le discours politique, qui a besoin de petites phrases, de provocations, et le discours universitaire, qui s’efforce à la fois de comprendre et de construire. Montebourg en dit trop ou pas assez. Peut-il prouver qu’il y a plus de crimes ou de meurtres que sur une autre chaine? Et en quoi ces actes de violence seraient-ils opposés à la culture? Leur présence est-elle suffisante pour condamner les films de Hawks, Polanski, Tarentino ou même….Chabrol? En réalité, ce type de critique syncrétique, qui procède par amalgames, ne fait rien avancer: quel est le lien entre violence et culture, et qu’est-ce que la culture? le rôle du CSA? M. Montebourg, en jetant l’anathème sur une chaîne évite de se poser ces question.

Et pourtant ce sont de bonnes questions. Pour ma part, je préfère proposer des conceptions de la culture, définir ce qu’est la violence télévisuelle, et ne pas tout confondre sous ce terme raccoleur, et suggérer au CSA d’agir quand je remarque un procédé condamnable. C’est ce que je fais d’ailleurs dans un livre à paraître en novembre, dont je vous reparlerai.

Cet diatribe contre TF1 est malheureusement très typique de l’attitude des politiques enver la télévision: ils pensent que celle-ci ne fait l’objet d’aucun savoir et qu’on peut jeter son opinion dans l’espace public pour se mettre au devant de la scène. Quand l’éducation aux médias et à la télévision sera-t-elle prise au sérieux?

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