De la complexité de l'amour, et du danger des jeux de l'amour...

Publié le 06 octobre 2010 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Le théâtre de Harold Pinter n'est pas toujours des plus accessibles. S'il est des pièces d'un abord plus facile, mais non moins riche, "L'amant", écrit en 1962 et proposé au Marigny en cette rentrée, en fait clairement partie.

Afin d'épicer un quotidien peut-être trop calme et de rompre avec la monotonie que peuvent engendrer dix ans de mariage, Sarah et Richard, interprétés par Léa Drucker et Pierre Cassignard, s'imaginent amant et maîtresse de cinq à sept. Chacun devient alors une toute autre personne, la sage femme au foyer se transforme en fille de petite vertu, le terme exacte employé par les personnages étant encore plus précis, quand le propret mari comptable apparaît en homme plus rustre et fougueux.

Ce jeu de rôle poussé à l'extrême, quelque peu schizophrénique, parfois au bord de la folie, semble permettre un équilibre au sein du couple. Equilibre  sans doute plus précaire qu'il n'y paraît. Car entre un quotidien dans lequel mari et femme n'ont plus rien à se dire, et cette relation fantasmée où chacun se réfugie, le dialogue, le partage et l'amour pourraient bien avoir disparu... 

Remarquablement mis en scène par Didier Long, les deux comédiens nous bluffent par leur jeu d'une intelligence et d'une subtilité absolues. Dans ce dédoublement de personnalité, Pierre Cassignard frôle parfois le point de non retour et nous embarque loin, très loin. L'un comme l'autre donne à entendre l'oeuvre de Pinter dans sa complexité, sa profondeur, cherchant l'essence même du couple, le tout dans une fluidité et une apparente légèreté (car on rit souvent) qui rendent le propos digeste au spectateur.

J'ajouterai enfin que le décor est à l'image du reste du spectacle, étonnant, séduisant et intelligent.

C'est réellement de l'excellent théâtre qui nous est offert ici. Allez-y !



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