Les dessous d’une grève politique

Publié le 07 octobre 2010 par Expliquemoi
DECRIPTAGE
Faits et promesses
Tout le monde s’accorde que les régimes de retraites doivent être réformés. Depuis 1995 le problème est mis sur la table mais les négociations gauche-droite-partenaires sociaux n’ont pu aboutir.
La droite qui est au pouvoir, démocratiquement élue sur son projet de réforme (et sur la continuité du service public des transports avec un "service minimum" qui sur la ligne B du RER se concrétise par la fermeture totale de la ligne, mais c’est une autre histoire), le pouvoir politique donc fait une réforme contestée.
De nouvelles élections vont se tenir en 2012. La droite promet de maintenir la réforme et la gauche promet une contre-réforme avec l’abrogation des mesures prises par la droite (retour à l’âge de 60 ans etc.).
Donc les électeurs pourront bientôt se prononcer démocratiquement, avant même la mise en application de ladite réforme.
La réforme est si impopulaire que la gauche est certaine de l’emporter, et la grève par conséquent superflue :
"Il faut savoir terminer une grève lorsque l'on a obtenu satisfaction"
 
Alors pourquoi cette grève reconductible par les seigneurs de la RATP et de la SNCF ?
"Les seigneurs veulent–t-ils gréciser la France ?"
Parce que la gauche veut remettre en cause les régimes spéciaux : Ségolène Royal est pour un système de retraite par répartition universel et personnalisé. Le document de référence en la matière est une étude publiée en avril 2008 par Thomas Piketty et Antoine Bozio : « Retraites : pour un système de comptes individuels de cotisations - Propositions pour une refonte générale des régimes de retraites en France » qui prévoit l’alignement de tous les régimes.
 
Pour comprendre un rappel est nécessaire : lors des négociations en 2007 pour l’adaptation de leurs régimes spéciaux à la réforme de 2003 du régime général, les salariés avaient obtenu des compensations qui annulaient les efforts qui leur étaient demandés pour rétablir un peu de justice par rapport aux salariés lambda.
Ce sont leurs privilèges qu’ils veulent préserver. Ils ne s’en cachent pas comme l’indique cet extrait du tract FGAAC-CFDT pour la retraite Reconductible :
Cette réforme remettrait en cause les compensations obtenues par la FGAAC lors des négociations de 2007.

Voilà, tout est dit, ils veulent des compensations pour tout ce qui « remet en cause [leur] contrat social ».
C’est pour le maintien de leurs privilèges qu’ils se battent, privilèges dont le coût est supporté par les usagers et les contribuables.
Mais qui donc est le dindon ?