Anthologie permanente : Guennadi Aïgui

Par Florence Trocmé

De nouveau – dans les neiges 
 
vous  vous entonnez un chant – et moi je m’éloigne 
peu à peu dans les neiges (comme jadis : silhouette 
s’obscurcissant dans la pénombre 
quelque part de plus  en plus loin) et une planche cassée fait saillie 
là-bas – parmi les ruines 
dans une cabane abandonnée (chantaient  chuchotaient 
puis 
pleuraient il y a bien longtemps – et à ce qu’il apparaît 
pour 
le bonheur pas si peu) et plus loin la forêt 
comme  
en rêve 
s’ouvre – et vous vous mettez à chanter 
(quoiqu’il n’aurait point fallu 
car n’est-ce pas tout est déjà fini) 
vous continuez 
(or même sans nous profondément murit déjà 
reluisant d’or 
l’éternité) 
vous continuez 
de plus en plus sourdement
à chanter 
 
  2003

 


 
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Achèvement du champ 
 
  à L. Iou. 
 
Et là-bas au-delà du pont 
conclusivement lointain – 
 
simplement – « âme ! » comme si tenant de nous 
de l’intérieurement-voyant –  
 
de nouveau remué – par la mémoire 
des phlox 
d’autrefois... –  
 
et par moments – comme 
par quelque chose d’antérieur même à l’enfance ! – 
 
et en elle (de loin et de jadis) 
est celle-là silencieuse – qui se meurt 
toujours 
depuis peu 
 
  2002 


 
Guennadi Aïgui, Toujours plus loin dans les neiges, traduit du russe et présenté par Léon Robel, Éditions Obsidiane, 2005, pp. 36 à 39 
 
Guennadi Aïgui dans Poezibao 
bio-bibliographie, décès (février 06), extrait 1, extrait 2, in notes sur la poésie 
 
 
 
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