L’Info “provoc”

Publié le 14 octobre 2010 par Jlhuss

Il y aurait donc une nouvelle technique d’information « fabriquée » : le journaliste façonnant lui-même le sujet qu’il veut développer. Il se rend sur les lieux d’une manifestation à titre personnel « avec des amis » pour effectuer la petite mise en scène. Il le dit lui-même : J’étais venu manifester “en tant que simple citoyen”. C’est en l’occurence son droit le plus strict, mais simple citoyen il est et simple citoyen il devrait rester.

On connaît les fins de manifestations; elles sont toujours un peu mouvementées, l’occasion souvent de quelques débordements. Ici des feux de poubelles s’allument, des retardataires pagaillent. Les forces de l’ordre reçoivent comme consignes de libérer l’espace public, nous ne sommes plus dans le cadre d’un défilé protestataire, les banderoles et slogans sont déjà au placard. La petite bande  d’amis journalistes est là et refuse de reculer à l’injonction des forces de l’ordre soucieuses de dégager l’espace.
Alors la carte de presse sort pour demander un traitement spécifique réservé aux journalistes en reportage. Juste avant, simple citoyen et puis ça chauffe : journaliste ! Là encore il le dit ; c’est au moment où les échauffourées ont éclaté qu’il a sorti sa carte de presse. Il refuse donc de se plier aux injonctions de recul des CRS en brandissant sa carte. L’incident est ainsi relaté dans le journal le Monde.fr. Plusieurs individus avaient allumé quelques feux de poubelle, entraînant l’intervention des CRS. En regardant la vidéo, on voit parfaitement quelqu’un qui cherche à se faire violenter pour avoir des images “croustillantes”, c’est dommage car avec cette vidéo on ne montre pas celles où les casseurs détruisent tout sans aucune raison!

Pour une telle mise en scène la présence de comparses est nécessaire; il faut bien quelqu’un pour tenir la “handycam” et réaliser le petit bout de film qui fera le bonheur du net. On nous livre alors des petits bouts bien sélectionnés en évitant de nous fournir les éléments ayant précédés le « scandale ».
Et c’est parti pour le bon buzz ! On entendra même à la toute fin du petit rush, un des « amis » hurler en direction de « l’acteur principal », carte de presse à la main, « reste pas face à eux, c’est des meurtriers » (sic) …
Le réalisateur précise : « ”Cela s’est passé vers 19h30-20 heures hier à Bastille à Paris. Il y avait environ 300 manifestants qui restaient sur cette place. Ils étaient réunis autour d’un feu de joie. Les pompiers sont arrivés pour éteindre le feu, mais ils ont été bloqués par les manifestants. Mais c’était pacifiste”. C’est évident, il s’agissait d’un feu de joie. Il va falloir enfin que les CRS apprennent à distinguer, au milieu d’une situation tendue, ce qui relève de la joie. Ce n’est tout de même pas sorcier ! Les manifestants ludiques bloquaient les pompiers, mais c’était de joie !
Vous avez la recette pour créer du bruit autour de rien et surtout la parfaite illustration des agissements de certains journalistes qui déshonorent à mon sens la profession. Qu’ils manifestent leur désapprobation vis-à-vis des projets gouvernementaux avec des amis, c’est de leur plein droit bien sûr ; c’est même l’apanage de tout citoyen. Qu’ils utilisent une carte de presse pour ne pas se plier aux injonctions des forces de l’ordre en mission est un abus.
Que dirait d’ailleurs ce même journaliste, ou que n’a-t-il dit ou écrit lorsque le fils de tel ou tel, fait état de son statut de fils pour échapper à une sanction ou simplement au droit commun; ce n’est pas mieux.

Je croyais que la carte de presse conférait des droits pour informer, pas pour désinformer et réaliser des montages tendancieux.  Le journaliste qui informe se met sur le côté et ne préfère pas affronter la police. S’il le fait, c’est à ses risques et péril. Même Ségolène Royal quand elle demande aux jeunes de descendre dans la rue leur demande d’être pacifique : « Je leur demande d’ailleurs (les jeunes de 15-16 ans) de descendre dans la rue, mais de façon très pacifique » Ce n’était pas le cas dans ces faits rapportés.
Ensuite il vous suffira de surfer ici ou là, sur les forums et sur les blogs, pour retrouver les plus grands courroux, les excès de titres énormes  “Journalistes matraqués par les forces de l’ordre” etc.  Avec dans les forums et les commentaires le genre : « Plus besoin d’aller en Chine….on a les mêmes en France … presse matraquée, jeunesse dans la rue …on marche sur la tête … Nous ne sommes pas censé être en démocratie ? »
Mais bien sûr que si ! Nous y sommes ! Et même en plein délire de démocratie …
Attention c’est à force d’abuser malhonnêtement de sa tendresse que l’on risque de l’endurcir, puis de là perdre … Cette démocratie. Ne serait-il pas temps d’arrêter le cirque ?