Comme sur des roulettes !

Publié le 14 octobre 2010 par Ellie Page

Ayant voulu emprunter les bus gratuits avec une classe incluant un élève en fauteuil, j'ai téléphoné à la régie des bus, pour demander s'ils étaient accessibles.
Il m'a été répondu que certains l'étaient, d'autres non, et que l'on ne pouvait prévoir à l'avance.
Nous avons donc choisi de ne pas jouer à cette loterie, au risque de perdre un temps précieux.
Et nous avons tous fait de la marche à pied, enfin, pour ceux qui le pouvaient.

Le pire, c'est que notre destination était le Centre de Prévention routière...

Ce qui tombe à pic, et non à plat, c'est que la NR publie justement aujourd'hui une enquête sur la circulation des personnes en fauteuils en centre-ville de Châteauroux. 

"Bien, mais peut mieux faire", telle est leur appréciation.

J'aurais tendance à opiner du chef.

Voici quelques extraits de leurs prouesses, ne ratez surtout pas le récit de la descente des Cordeliers, il est simplement homérique...

"Châteauroux. Quatre personnes en fauteuil se sont promenées pour tester l'accessibilité des lieux publics castelroussins. Le test avec une journée type.

Jacqueline, Gérard, Daniel et Éric ont parcouru le centre-ville castelroussin pour en tester l'accessibilité. Bilan : « Bien, mais peut mieux faire ». -  - Photo NR

Mise aux normes: où en est-on?

Jacqueline, Gérard et Éric sont tous les trois en fauteuil roulants « manuels » et Daniel en possède un électrique. Partis de l'APF, place Notre-Dame, les quatre compères décident d'aller faire un tour dans l'hypercentre de Châteauroux. Premier objectif : la supérette de la rue Victor-Hugo.
Les premières difficultés arrivent, rue Jean-Jacques Rousseau : certaines voitures, garées trop près du trottoir, empiètent sur le secteur piéton. « Alors, il suffit qu'il y ait un arbre comme c'est le cas sur cette allée et on ne peut plus passer », commente Gérard. La délégation contourne alors par le square Charles-de-Gaulle.
Arrivés au rond-point du Bombardon, Jacqueline et Daniel coupent par la chaussée. Il est « trop compliqué » pour eux d'emprunter les espèces de plateformes jalonnant le carrefour.
Les difficultés ne s'estompent pas pour autant en arrivant sur le trottoir : à l'arrière de l'hôtel de ville, devant le bureau de tabac, stationne une fourgonnette. « Bon, là, on peut encore passer, mais des fois, c'est vraiment impossible », raconte Daniel. La traversée de la place de la République se fait sans encombre.
Sur les trottoirs de la rue Victor-Hugo, Gérard note un détail : certains pavés, formant des bandes colorées, sont surélevés de quelques centimètres. « Ce n'est pas grand-chose mais ça reste un obstacle de plus à franchir à la force des bras. » Sans compter l'aspect chaotique de l'exercice. Hormis ce désagrément, le quatuor réussit à se rendre sans problème jusqu'à la supérette, puis à Pat'à Pain, à la pharmacie et au bureau de tabac de la rue Victor-Hugo. « On le fait souvent, raconte Daniel. Globalement, nous sommes plutôt bien reçus. »


'' Bien, mais
peut mieux
faire ''

Selon le classement 2010 de l'APF concernant l'accessibilité des villes aux personnes handicapées, Châteauroux se classe en 7 e position, sur 87 agglomérations. Au 31 décembre 2009, seules 660 communes sur 34.164 avaient approuvé le plan d'accessibilité de la voirie et des équipements (Pave), demandé dans le cadre de la loi de 2005. Là aussi, l'Indre fait figure de bon élève : 83 communes ont déjà entamé des démarches pour mettre en oeuvre cette accessibilité.

Parcours chaotique dans le vieux Châteauroux

Après le centre castelroussin, direction le vieux quartier, pour les musées Bertrand et Cordeliers. Le groupe emprunte la rue Grande. Aucun problème pour arriver jusqu'à l'entrée principale. Ça se corse au moment de franchir le portail : les fauteuils ont du mal à passer par-dessus les rails de la vieille porte. Les roues du fauteuil électrique de Daniel patinent dans les gravillons. Pour repartir, il fera le chemin en marche arrière. « J'ai trop peur de me renverser », confie-t-il. Pour se rendre aux Cordeliers, le quatuor s'engaillardit et décide de passer par la descente éponyme, entièrement pavée. Premier obstacle : impossible d'emprunter le trottoir, un panneau de signalisation bloque le passage. « De toute façon, il est trop étroit », note le groupe. Arrivée dans la pente qui mène rue Alain-Fournier, Jacqueline craint de ne pouvoir continuer. Chacun freine comme il peut, à la force des bras, des pieds ou en zigzaguant sur le côté. Arrivé en bas, pas le temps de reprendre des forces : il faut remonter la rue Fournier pour atteindre l'accueil « handicapé » des Cordeliers. Éric monte à reculons, à l'aide de ses pieds ; Gérard pousse Jacqueline, tandis que Daniel et son fauteuil électrique filent tout droit, le tout au milieu de la chaussée, dans un joyeux bazar. C'est dit, la prochaine fois, ils prendront par la rue Saint-Martial et la place Sainte-Hélène, davantage carrossables.

la phrase

'' L'accessibilité aux personnes handicapées ne doit pas se limiter à l'accès des lieux. ''

Pour David Dechambre, représentant élu pour la délégation de l'Indre de l'Association des Paralysés de France (APF), les mentalités ont beaucoup évolué, ces dernières années, mais il reste encore du travail dans de nombreux domaines : « Par exemple, les bus sont souvent adaptés mais les chauffeurs n'ont pas toujours reçu de formation pour accueillir ces personnes et ils ne savent pas comment se comporter. Résultat : de nombreuses personnes en fauteuil n'osent pas prendre le bus », explique-t-il. Autrement dit : les adaptations techniques, c'est bien, à condition de savoir prendre en compte l'humain.

Anne-Lise DurifA retrouver dans son intégralité ICI.
PS  : le rendez-vous des blogueurs aura bien lieu samedi 23 octobre à Jeux 2 Goûts, vers 19h30. Il reste une place disponible, ou même deux ou trois. C'est ouvert aussi aux simples lecteurs de blogs qui passent par ici, histoire de prouver que les geeks sortent de derrière leur écran, parfois, et ne sont pas totalement des "no laïfe" !
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