Revisite des Légendes et Racines de la Soul

Publié le 14 octobre 2010 par Www.streetblogger.fr

Comme pour Seal, ce qui a aussi motivé John Legend de concevoir un album de reprises de standards de la Soul des sixties et seventies est l'élection de Barack Obama à la Maison Blanche. Drôle de coïncidence, à ce détail près que John est entré en collision avec les Roots durant l'été 2008, période où la campagne présidentielle américaine battait son plein. L'affiche est assez extraordinaire faut l'admettre, réunir ensemble le chanteur de l'écurie de Kanye West et un groupe de hip-hop – un des meilleurs qui soit – unique en son genre car acoustique.

Le frémissement d'une ère de changements a été l'élément déclencheur de cette ferveur populaire et la base de l'inspiration de Wake Up. Peut-être que l'idée d'un album de reprises provient du fait la culture hip-hop, le gospel, le jazz et la soul étaient investies d'une mission et la voilà désormais accomplie, l'aboutissement d'une lutte pour la reconnaissance d'une communauté et de ses valeurs. En tout cas, chacun des titres choisis est une pièce de choix, et pas forcément des chansons connues du grand public, ce qui permettra en plus de découvrir des trésors remis à neuf en quelque sorte. Capturer ce moment d'éveil des populations afro-américaines est admirablement retranscrit sur « Wake Up Everybody », qui convie la rayonnante révélation Mélanie Fiona (protégée de Jay-Z) et Common, le légendaire MC de Chicago.

Le but n'est pas de faire dans l'originalité, ni copier l'original, simplement remettre à neuf, rechanter, rejouer. On ne peut que saluer le professionnalisme et la sobriété des Roots. Les musiciens menés par les baguettes de ?uestlove sont la hauteur de nos attentes, ils connaissent la musique avant même le berceau, et laissent de la place pour le piano de John Legend comme s'il faisait partie intégrante de l'orchestre hip-hop/soul. Ils parviennent tous autant qu'ils sont à créer des instants de magie, comme ce « Lil Ghetto Boy » de Donny Hathaway entièrement refait à neuf ou encore le magnifique « I Can't Write Left Handed » repris de Bill Withers (qu'il a écrite durant la guerre du Vietnam), jusqu'à la sublime caresse de « Wholly Holy », merveilleux slow de Marvin Gaye qui reste merveilleux dans cette version actualisée.

Quand Wake Up s'achève, « Shine » apparaît comme la lueur chaleureuse de l'aube s'ouvrant vers un monde avec un peu plus d'espoir. C'est beau ce que je dis n'est-ce pas, mais cette impression finale passera encore mieux avec un jus d'orange, pour les vitamines, il en faut le matin.

A l'occase faudra demander à Obama s'il écoute cet album dans son iPod.