Trac

Publié le 09 novembre 2007 par Menear
Le mot ne colle pas exactement à la réalité, mais c'est globalement ça, l'impression, le trac : une impression de trac.
Plus d'un mois maintenant que j'ai terminé « Cette vie ». Déjà la première salve envoyée et les premières bêta lectures, les premiers avis qui reviennent, sont revenues, s'apprêtent à revenir. Les premier refus, aussi, probablement, dans quelques semaines.
Un mois que « Cette vie » est achevé et pourtant la reprise de « Coup de tête » n'est pas évidente pour autant. Mais c'est toujours (souvent ?) comme ça : être entre deux projets, se replonger dans les écrits d'avant, préparer la suite. Ah : préparer, voilà ce qui justifie l'utilisation du mot trac. Parce que je ne me remets pas au boulot comme ça, sans transition, d'un coup (même si c'est comme ça que ça a commencé). Un premier jet écrit à revoir totalement, ça doit se préparer un minimum. Alors je prépare, ne fais que ça, préparer. C'est à dire relire ce qui a déjà été écrit, noter, prendre des pages et des pages de notes manuscrites (huit en tout : de grand cahier), scotcher des cartes au mur, surligner en gras les itinéraires, réorganiser les photos des repérages, mettre en place une structure forte (la sainte structure) sur laquelle je pourrais par la suite m'appuyer. Et me préparer moi, également. Et m'y remettre. Ça, ce sera la prochaine étape.

Pourquoi ? Parce que le trac. Comme je l'expliquais un peu plus haut. Même si le mot ne colle pas, c'est pas grave, on s'en fout, puisque je m'explique. L'impression, en réalité, d'être entre deux gouffres, d'avoir passé des mois à franchir le premier et d'à nouveau m'improviser équilibriste. La trouille de s'y replonger, la trouille de ne pas avoir assez préparé, ou d'avoir trop préparé, ou de ne pas savoir exactement ce que je veux (et c'est vrai, je ne sais pas exactement ce que je veux : si c'était le cas, je ne me sentirais pas forcé de réécrire ce premier jet déjà travaillé). Mais surtout, surtout, bien plus que tout le reste : la trouille de foirer ce qui dans ma tête est en train de prendre forme. La trouille de ne pas être à la hauteur de mes idées, de mes envies, de mes personnages. Alors que tout est là. Que tout attend. Que tout est prêt. Il suffit juste d'un plan à écrire quelque part, presque pour la forme (la sainte structure, disais-je), et ça pourrait repartir. Mais le trac fait que.
Alors on triche, ça triche, je triche. Je décide qu'il faut relire encore une fois, qu'il faut noter plus de choses, qu'il faut faire des plans plus strict. Pour toujours retarder le moment où je devrais à nouveau me confronter à la page et ruiner probablement tout ce qui jusque là fonctionnait si bien : dans ma tête.

Et pourtant, cette impression de trac bien réel, ce n'est qu'une illusion : à peine un mot écrit sur la page et ça y est, je le sais, tout disparaîtra, c'est toujours pareil, et ce sera parti, pour plusieurs mois probablement, ça s'écrira tout seul. Et dire que c'est la partie la plus plaisante du processus et que je la gâche en complexifiant la chose. A n'y rien comprendre : je ferais mieux de m'y faire, de l'oublier, de m'y jeter une bonne fois pour toute. D'ici la fin du week-end, probablement.