Un soir à Geoffroy Guichard

Publié le 02 octobre 2006 par Menear

Tu sors juste devant chez moi, juste à quelques mètres et tu le sens. Parfois même, c'est arrivé, juste sur mon balcon, tu le sens. Comme un truc dans l'air qui vient d'un peu plus loin. Et c'est encore plus évident quand tu aperçois le stade tout éclairé, là-bas, tout au bout. Et même si en fait, des fois, tu n'entends rien du tout, en le voyant, tu l'entends quand même, ce qui est peut être encore mieux. Une sorte de respiration indescriptible, c'est d'ailleurs pourquoi je ne l'explique pas. L'ambiance. C'est ça le mot, l'ambiance.

Un soir à Geoffroy Guichard, donc, parce que mon frère nous a passé deux places, pour mon père et moi. Et des souvenirs, des souvenirs de gosses (quoi d'autre ?) qui reviennent et qui s'entremêlent. D'abord, le dernier match auquel j'ai assisté. A vue de nez, c'était il y a quelque chose comme six, sept ans. Je ne sais plus exactement. Je me rappelle que c'était l'année de la remontée en D1 (parce qu'à l'époque, on appelait encore ça la D1) de l'ASSE. C'était contre Nantes. C'était contre Nantes et il pleuvait. Je ne me souviens plus du score, je ne me souviens plus non plus du gardien des verts de l'époque. Juste que c'était contre Nantes et qu'il pleuvait beaucoup.

L'autre souvenir, il est encore plus vieux. C'est un souvenir d'un autre ASSE-PSG, il y a longtemps. Et la première chose qui me revient en tête lorsque je me mets à penser à cet ASSE-PSG, c'est un nom, c'est un joueur : Jean-Philippe Séchet. Je revois vaguement sa tête, sa photo des albums Panini que je collectionnais à l'époque, que tout le monde collectionnait. Par contre, je suis incapable de me rappeler dans laquelle des deux équipes il jouait. Je sais qu'il a porté les deux maillots, à un moment dans sa carrière mais là, maintenant, je n'arrive plus à me rappeler où il jouait pour ce match-là. Mais peu importe. Je ne me rappelle que de lui. De Jean Philippe Séchet, qui jouait pour Sainté ou pour Paris et déjà, à cette époque, ma préférence allait pour Paris. Et déjà, à cette époque, il fallait faire semblant d'être content quand l'ASSE marquait et triste quand Paris égalisait. Je crois que c'était dans cet ordre et, dans mon souvenir, il y a eu match nul (Edit du 08/01/08 : en réalité Paris avait gagné trois à un dont un but de Séchet, justement, c'est resté la dernière victoire du PSG à G. Guichard pendant plus de dix ans). Mais peut être est-ce plus une impression reconstituée qu'un vrai souvenir. Sur le terrain aussi, il me semble, Lubomir Moravcik et Joseph-Antoine Bell. Et mes yeux de gamins gigantesques pour les voir tous s'agiter un peu plus bas, petites tâches de couleurs vertes ou bleues.

Autre match, mais même période. Match de coupe de france. David contre Goliath. Côte Chaude contre Paris. Côte Chaude, le quartier de Fanny, celui-là même où, « bien des années plus tard », c'est à dire l'année dernière, je retrouvais des coupures de journaux qui parlaient de ce match dans une salle du quartier dans laquelle Fanny a fêté son anniversaire. Bref. Paris avait gagné 10-0. Et sur le terrain, là-bas, tout en bas, Raï, le numéro dix, mon idole de l'époque. Il me semble qu'il avait marqué mais je ne suis plus très sûr. Je me rappelle même que les journalistes nationaux de l'époque parlaient de Paris contre « la côte chaude », ce qui faisait bien sûr sourire les stéphanois...

Dernier souvenir, qui doit se situer à la même époque que le précédent. Je crois qu'il s'agit du dernier match de championnat, c'est contre Martigues et les verts sont directement concernés par la relégation. Je ne me souviens plus du résultat, je ne me souviens même plus du match en lui-même. Tout ce qui me revient, c'est le retour, en marchant sur le parking du stade, tristes, parce que quel que fut le résultat, St-Etienne descendait en D2. Et puis quelqu'un qui dit, je ne sais plus qui c'est, mon père mon frère, je ne sais plus : on préférerait être lyonnais ce soir. Et comment.

Hier soir, il a encore fallu faire semblant d'être content lorsque St-Etienne a marqué. Mais moins qu'il y a dix ans. Beaucoup moins.

Hier soir, Paris a perdu, tant pis. C'était quand même un beau match. Ne serait-ce que parce qu'il m'a rappelé toutes ces petites choses. C'est bête non ?