Cérémonie d'ouverture des Godwin Games : Angela Merkel met la barre très haut

Publié le 18 octobre 2010 par Bravepatrie

Cette année, Angela Merkel fait très fort. « Quand j’entends le mot « multiculturelle », je sors mon pistolet » a t-elle déclaré devant les jeunesses chrétiennes-démocrates réunies à Potsdam, berceau du cosmopolitisme germanique, pour la cérémonie d’ouverture des Godwin Games. Déjà, elle est allemande, ce qui disqualifie presque d’office les amateurs qui n’auraient ni l’expérience, ni le sang-froid suffisants pour relever un défi qui s’annonce, cette saison, particulièrement relevé.

Le principe des Godwin Games est simple : un politicien(ne) de centre droit suggère une mesure discriminatoire ou tient des propos ouvertement xénophobes et le premier qui fait une référence aux heures les plus sombres de notre histoire a perdu. C’est une sorte de ni oui ni non et c’est très amusant.

Destruction du biculturalisme berlinois. Derrière, des lendemains qui chantent.">

Destruction du biculturalisme berlinois. Derrière, des lendemains qui chantent.

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Destruction du biculturalisme berlinois. Derrière, des lendemains qui chantent.

Sur le fond, on admettra que la chancelière n’a pas tout à fait tort : la société multiculturelle à l’allemande a effectivement été un échec cuisant. L’accueil massif, dans un esprit d’ouverture, de populations anglo-saxonnes, gauloises et surtout slaves a totalement dénaturé le modèle allemand, profondément affecté par l’intrusion du Coca-Cola, de la Trabant et de la Vodka frelatée. Cet internationalisme assumé n’aura pas survécu à la révolte brutale du Volk qui en a détruit les symboles architecturaux.
Plus récemment, les invasions barbares en Europe ont, pour reprendre la pensée du philosophe Thilo Sarrazin, provoqué la dilution de l’esprit germanique dans une bouillie cosmopolite (scheiße kosmopolitischen), préparant le terrain à la domination du complot islamo-marxiste et à la perversion du sang allemand.

Sur la forme, on jubile. On imagine la tête des bien-pensants qui s’étranglent et se retiennent de brandir la croix gammée pour abjurer le démon Merkel, alors qu’il est parfaitement admis que de telles choses ne pourront jamais se reproduire.
Banaliser le nazisme, c’est en réduire la portée, et surtout admettre que ces gens étaient des hommes comme les autres. Or, il est notoirement connu que s’ils sont devenus xénophobes, c’est parce qu’ils se nourrissaient de la chair de petits enfants, alors que nous c’est parce qu’on est en pleine crise économique.

Côté candidats, maintenant, il faut bien reconnaître que c’est de très haute tenue. Pas la moindre référence au IIIème Reich, du Figaro jusqu’à l’Humanité, qui d’ailleurs préfère ne même pas en parler pour s’éviter la sortie de piste. On reste admiratifs devant la maîtrise totale dont font preuve les concurrents, autant que la tentation est grande. Évidemment, on n’a pas encore eu droit aux commentaires très attendus de la Commission Européenne et tout le monde est suspendu aux lèvres botoxées de Viviane Reding mais pour le moment, c’est un sans faute de la part de tous les compétiteurs.
Seule l’AFP pourrait éventuellement être disqualifiée pour avoir évoqué, il y a quelques jours, les 13,2% d’Allemands qui, selon une étude de la Fondation Friedrich-Ebert, pensent qu’il faudrait un Führer pour diriger le pays, mais rien n’est moins sûr : la citation s’inscrivait dans un contexte tout à fait différent.

Bref, le suspense reste entier avant une phase politique européenne sur fond de Godwin Games qui risque d’être particulièrement captivante et rigolote. La France et l’Allemagne ont donné le ton, comme souvent.