Bifteck de Martin Provost

Par Sylvie

La surprise culinaire de la rentrée littéraire....

 

Editions Phébus, 2010

Rappelez-vous le succès du film Séraphine en 2008, le film au 7 césars faisant le portrait magnifique de la peintre méconnue, Séraphine de Senlis, domestique et artiste peintre.

Ce succès inattendu a pu faire oublier que le réalisateur Martin Provost est aussi un romancier de talent…Voici son troisième opus.

Imaginez, à la veille de la Première guerre mondiale, un boucher de Quimper, roi de la bidoche, ayant appris l’alphabet avec le champ lexical professionnel du boucher. André Plomeur est non seulement le roi de la viande…mais aussi de la bonne chair féminine. Lorsque les soldats s’en vont en guerre, le boucher appâte la cliente avec ses meilleurs morceaux. L’heureuse élue reçoit le meilleur, l’araignée. Et tout se conclut derrière l’église. Ces rendez-vous illicites donnent naissance à sept magnifiques bambins. Le festin se termine à l’armistice. André Plomeur, qui se découvre une fibre paternelle inattendue, fuit la fureur des maris cocus…et décide de partir en Amérique. Tel Noé, André embarque avec sa progéniture sur un voilier breton…

Les végétariens seront sans aucun doute rebutés par le titre et la teneur de ce court roman (120 pages…) . Bien sûr, l’ouvrage regorge de termes carnassiers ; jarret, épaule, onglet, hure, rouelle..Il y en a pour tous les goûts…

Mais ce récit gargantuesque fantasque et sensuel se transforme tout d’un coup en une épopée digne de Robinson Crusoé...Et lorsqu’André débarque sur la terre promise, le lecteur a l’impression d’être immergé dans un tableau de Gauguin. Le récit devient alors un conte fantastique hallucinatoire. 
Mais chut ! Dégustez sans modération ce bifteck, il vous réservera bien des surprises !

Martin Provost est un artiste très éclectique qui gagne à être reconnu ; laissez-vous séduire par ce drôle de romans qui varie avec brio les styles, les pays ...et les aliments. et je vous laisse découvrir la dernière pirouette !