Sébastien Bertrand en est la preuve, son autobiographie théâtrale «Le chemin de la belle étoile», (nom de la rue où il a grandi), rencontre un joli succès depuis sa création l’an dernier. Pour le musicien vendéen qui puise dans le répertoire musical traditionnel avec le groupe Sloï, tout a commencé à la sortie du spectacle «Forêts» de Wajdi Mouawad. Sur scène intervient son collègue et conteur de renom, Yannick Jaulin. «On vient du même coin et il a réouvert la voie sur les traditions populaires. J’ai été bouleversé par la pièce d’autant qu’il s’agissait d’un moment où je me posais des questions sur ma vie. Wajdi y traite des liens du sang et cela m’a donc renvoyé à mes origines», précise Sébastien Bertrand. Des origines qu’ils partagent justement avec Mouawad, à savoir libanaises. Heureux hasard, il y a trois ans, Yannick Jaulin est invité à Beyrouth pour un festival et embarque son ami «sans préméditation de spectacle». Sur place, c’est la révélation : «les regards des gens dans la rue, la visite de mon ancien orphelinat... ce voyage m’a remis un pied de chaque côté de mes racines», se souvient le vendéen. Au retour, dans l’avion naît alors l’idée de la pièce mariant accordéon et paroles. «Yannick a instauré un travail de collectage à la manière d’un journaliste qui dégage un côté universel. La portée du texte s’avère ainsi plus large que mon histoire et résonne aussi bien pour les adoptés que les autres. Je ne suis ni comédien, ni conteur, mais c’était à moi de le dire», livre le musicien.
Retour au Liban
Elle résonne aussi pour les spectateurs libanais, où Bertrand a proposé son oeuvre pendant trois jours. En français. «Quelqu’un qui parle de l’abandon évoque forcément les confessions religieuses et ouvre une brèche sur les conditions de la femme qui ne sont pas encore forcément bonnes dans un pays en reconstruction. Malgré moi, je devenais un peu ambassadeur sur la question». Après ces représentations chargées d’émotion, la pièce poursuit son bonhomme de chemin, nourrie de l’apaisement de son interprète.
La musique entre parenthèses
De fait, aujourd’hui, des personnes qui étaient dans la même crèche que l’accordéoniste viennent le voir sur scène et ensemble ils s’associent pour que les gamins du Liban bénéficient de cours de musique, théâtre et danse. «J’ai mis mes projets musicaux de Sloï entre parenthèses pour créer des ponts avec le Liban. Avec un musicien de là-bas, on pense à monter «Nahas», un spectacle tiré du nom de la rue de l’orphelinat où j’ai été recueilli». Un nouveau chemin en perspective, qu’on souhaite sous une bonne étoile...•
Carine Caussieu
Ce soir et demain à 20h30 aux Colonnes de Blanquefort, 9-16€. Durée : 1h. Infos et résa : www.lecarre-lescolonnes.fr