Ses qualités s’imposent très tôt. À peine sorti de l’Université où il a étudié le journalisme et la publicité, il débute au « Key Magazine » de Los Angeles avant de s’illustrer à la radio. Embauché par la station locale KLAC (aujourd’hui nommée AM 570 et spécialisée dans le sport), il y crée un programme qui va être un gros succès et va en inspirer beaucoup d’autres : The Irwin Allen Show, un mélange de talk show et de reportages avec des stars d’Hollywood qui est même repris dans les journaux : « Hollywood Merry-Go-Round ». À la fin des années 1940, lorsque émerge la télévision commerciale, son programme devient une émission de télévision (également intitulée : Hollywood Merry-Go-Round) qui sera diffusée pendant trois ans (en même temps que continue le show à la radio). En 1944 il crée une des toutes premières agences artistiques exclusivement dédiée aux scénaristes à laquelle seront associés des auteurs comme P.G. Woodhouse ou Fanny Hurst
Fidèle à ses principes, il s’inspire encore d’un classique de la littérature pour créer son prochain programme. Lost in Space est une libre adaptation avec transposition dans l’espace des Robinsons Suisses et c’est encore un programme devenu culte, qui a connu récemment une adaptation (dont on ne parlera pas pour ne fâcher personne). C’est encore une débauche de décors, maquettes, costumes et effets spéciaux mais ce qui est absolument remarquable dans ces séries qu’il produit, c’est qu’elles se sont à peine démodées et qu’elles restent très agréables à regarder. Son projet suivant est encore plus ambitieux : dans The Time Tunnel, ses héros perdus dans une boucle temporelle infernale passent d’époque en époque et se retrouvent toujours au milieu d’évènements historiques parmi les plus dramatiques. Cette fois, le succès n’est pas vraiment au rendez-vous. Ce n’est pas non plus un échec, mais la série ne fait que trente épisodes et Allen en concevra de l’amertume, persuadé que le programme méritait un peu de persévérance. Pas de quoi déprimer pour autant et Allen est déjà sur le projet suivant, toujours pour la télévision, toujours en série et toujours fantastique : Land of the Giants, dans laquelle un groupe d’humains est jeté dans une dimension où ils sont gros comme des insectes.
Allen n’a quand même pas connu que des succès, il y a eu aussi quelques flops. Ce ne sont pas des échecs cuisants non plus, mais de quoi le décevoir car c’est lorsqu’il s’écarte de son créneau fantastico-dramatique qu’il manque le public. En 1975 il adapte Swiss Family Robinson, cette fois sans transposition dans l’espace : la série ne tient qu’une seule saison. En 1982 il s’aventure dans le genre « Rescue Drama » avec la série Code R et celle-ci ne fait même pas une saison complète.
Toutefois, le catastrophique et le grand spectacle ne se démodent toujours pas et Irwin Allen a encore l’occasion de déclencher quelques apocalypses sur les petits écrans en produisant plusieurs téléfilms dans ce genre. Il place une bombe à bord d’un paquebot dans Adventures of the Queen (1975, avec Robert Stack). En 1976 il renvoie les téléspectateurs durant le grand incendie de Chicago dans le téléfilm Time Travelers et fait crever un barrage dans Flood! (avec Robert Culp). Il allume un immense incendie de forêt en 1977 dans Fire! (avec Ernest Borgnine, Vera Miles et Patty Duke), décongèle le capitaine Nemo dans The Return of Captain Nemo (1978, avec Jose Ferrer) ; lance une armée d’abeilles tueuses sur le pays dans The Swarm, un film de cinéma qui malgré son casting luxueux n’attirera pas les foules dans les salles… Dans Hanging by a Thread, téléfilm de 1979, c’est une télécabine qui menace de tomber dans un précipice, dans Beyond the Poseidon Adventure il renvoie sous l’eau les survivants du fameux bateau (un autre film qui ne va pas marcher fort) et dans When Time Ran Out il réveille un volcan pour pourrir les vacances de Paul Newman (un troisième échec au box-office). Pas besoin de vous expliquer l’action de The Night the Bridge Fell Down (1983) qui précède Cave In! Où un groupe se retrouve prisonnier d’une grotte. Il produit également une adaptation d’Alice in Wonderland (1985).
Malheureusement, la santé du génie du désastre va décliner alors qu’il passe les soixante-dix ans, le forçant à se retirer sans même pouvoir finaliser son projet d’adapter Lost in Space pour le grand écran. En Novembre 1991, il est décédé à Santa Monica, une semaine seulement après qu’un autre géant de la science-fiction nous ait quitté : Gene Roddenberry.
L’œuvre télévisuelle d’Irwin Allen est immense. Il laisse en héritage des séries qui sont devenues mythiques et font encore rêver producteurs, scénaristes et diffuseurs et l’on peut régulièrement reconnaître son style dans des films et séries.
J.B.
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