Chouette bête de la fière, euh l'inverse... (quand Saint-Denis sait faire la fête)

Publié le 23 octobre 2010 par Laurelen
Accoudés à la poubelle grise de l’angle des ruelles Edouard et Saint Paul derrière la cathédrale de St Denis, agrippés à nos chopes, on hallucine, Frenchy et moi. On avait entendu parler de la fête de la bière, organisée par quelques bars restaurants du chef-lieu, alors on est passé par curiosité, après avoir tourné dans quelques bars justement. Maintenant il est minuit et on regrette bien de ne pas avoir commencé par là. Alors qu’il y a un quart d’heure on était prêts à rentrer sagement se coucher, on sent qu’on ne va pas pouvoir s’en sortir de sitôt. L’ambiance est chaude, très chaude, la musique pas toujours de bon goût mais ça danse dur sur le pavé, et tout le monde s’éclate grave. On se croirait sur le front de mer de St Pierre, un soir de fête de la musique par exemple, mais non, on est bien à Saint-Denis ! Que s’est-il passé ? Il suffisait simplement d’aligner des grandes tables le long des murs des deux ruelles, en face de stands de bière à pression tenus par différents représentants des bars de Saint-Denis, on rajoute à ça une petite scène à l’angle des ruelles et le tour est joué. Bien entendu on conserve ouvert tel quel le bar restaurant du KT-dral de Peter Mertes, puisqu’il est le principal organisateur de l’évènement. Il n’y a eu que très peu de pub, si ce n’est pas du tout, et pourtant… Combien sommes-nous encore à minuit autour des tables et du podium, 200, 300, peut-être pas loin de 500 ? Il paraît qu’il y en avait encore le double une heure plus tôt avant la fin des concerts, il parait qu’on a aussi très bien mangé pendant les trois jours, participé à des animations pour petits et grands, que la scène était même ouverte aux musiciens de passage deux heures par jour. Et tout ça pour pas cher donc. Bravo les gars.

Des centaines de
personnes sans pub



Quand on voit le fiasco d’un festival comme Kaloo Bang, préparé et mûri de longue date par la mairie et des dizaines de personnes, avec un trou de plusieurs centaines de milliers d’euros, on peut effectivement se demander s’il n’y a pas un truc qui cloche à St Denis, île de la réunion, que ça soit au niveau organisation ou demande du public. Mais quand on voit que l’esprit débrouille de quelques organisateurs bien avisés rameute des centaines de personnes, sans pub, juste par envie de faire la fête, de faire vivre un quartier, on comprend qu’il ne devrait en fait y avoir aucun problème de ce côté-là à St Denis. Les gens ont autant envie de bouger qu’ailleurs, rien n’a changé la dessus. Alors on ne veut taper sur personne, mais quand même, c’est logique que l’organisation de tels évènements, ou l’ouverture d’endroit culturels et de rencontres, ça doit revenir à ceux qui savent vraiment le faire, point barre… Merci à la mairie d’avoir mis un an à finaliser un papier pour les re-re-re-nouveaux Récréateurs, dont l’ouverture (la seizième du nom) vient d’être officialisée ce vendredi. Ce n’est pas un scoop, ça nous permet simplement d’avouer enfin que ce lieu a été plus ou moins obligé d’ouvrir aux yeux de tous dans une totale clandestinité depuis six mois, fait bizarrement toléré par tous les services de la ville, mais carrément contraignant et dangereux pour les gérants du lieu. En cas de soucis, on se demande quelle assurance la mairie aurait fait jouer…

Mais voilà qu’au loin j’entends certaines mauvaises plumes me siffler à la feuille que c’est bien gentil tout ça, mais que la fête de la bière c’est de la beuverie, et que ce genre de fête et de lieu reste fréquenté majoritairement par des zoreys, et qu’on est donc encore loin d’intéresser le noyau dur de la population réunionnaise. Arrêtons donc tout de suite de déconner. On a déjà dit que la fête de la bière avait organisé des animations pour petits et grands, c’est vrai qu’on y était pas, mais on peut vous assurer pour l’avoir vécu, que les centaines de gens heureux qui étaient encore là le samedi après minuit étaient représentatives de toutes les catégories ethniques, religieuses et culturelles dont la Réunion regorge. Et ceci de 7 à 77 ans comme on dit. Et on était loin de certaines beuveries sectaires d’après match comme on peut malheureusement en voir un peu partout dans le monde. Vive le mélange des genres, mesdames et messieurs, quoi de meilleur que de voir un joueur de Roulèr s’éclater sur du Rita Mitsouko, pour moi, zorey d’origine rockeur, qui aime à taper le maloya quand ça me prend. A bon entendeur, na retrouv’

Arthur


Photo Denis, sur Choses vues