"Paranormal Activity 2"

Par Loulouti

Un film aux coûts minimes qui rapportent des montagnes de dollars à ses producteurs est une mine d’or. Le phénomène "Paranormal Activity" d’Oren Peli fut l’un des événements cinématographiques de 2009. Qu’importe la qualité du film en lui-même diraient les pontes d’Hollywood, seul compte le dieu billet vert.


Il va de soi qu’une suite était inévitable vu l’ampleur du buzz initial et de ses retombées médiatiques.


La sortie de "Paranormal Activity 2" ne fera pas changer les aficionados et les détracteurs de ce genre de longs métrages, chaque camp restera à coup sûr sur ses positions.


J’ai aimé le premier film et je dois dire que j’ai encore plus apprécié ce second opus que je trouve plus abouti. J’adhère complètement.


Même s’il s’agit d’une suite le film s’attache à se positionner en amont des tragiques événements décrits dans "Paranormal Activity". Mais au final le passé rattrape quand même le présent.


Cependant je ne vous en dis pas trop…


Kristie (Sprague Grayden), sœur de Katie (Katie Featherston) et belle sœur de Micah (Micah Sloat), héros de "Paranormal Activity", revient au domicile familial avec son mari Dan (Tim Clemens), sa belle fille Ally (Molly Ephraim) après la naissance de son bébé Hunter. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où de mystérieux phénomènes commencent à se produire.


Le défi est de taille : passionner avec un canevas qui semble identique. Et pourtant Tod Williams, metteur en scène de ce second film alors qu’Oren Peli en est le producteur, s’en sort avec plus que les honneurs. Même si l’effet initial de surprise ne joue forcément plus, "Paranormal Activity 2" garde en lui-même une fraîcheur inchangée.


Il va de soi que le concept de base reste le même : un caméscope (subjectif) filme tout en permanence. Mais l’installation de caméras de surveillance fixes disséminées dans toutes les pièces de la maison, justifiée par un cambriolage dans les premières minutes du long métrage, démultiplie les angles de vue et les possibilités de surprendre les spectateurs.


Je ne vais pas essayer avec mes mots de convaincre les sceptiques. La première heure du film est résolument lente. Le spectateur a le temps de s’imprégner de tous les lieux qui lui sont proposés. On apprivoise l’espace en quelque sorte. Chaque meuble, chaque objet nous devient familier. Il ne se passe pas grand-chose de capital. Nous suivons la vie de cette famille recomposée dans son quotidien on ne peut plus banal.


Ce faux rythme n’est qu’un prétexte servant à nous rassurer, nous imposer une vision idéale. La présence des personnages de l’opus initial sonne comme une piqûre de rappel.


Mais plus le temps passe, plus cette charmante et cossue résidence finit par ressembler à un piège. L’ambiance légère et heureuse, motivée par le retour à la maison d’une mère et de son nouveau né, se transforme au fil des minutes en un climat très pesant. Le moindre recoin recèle son lot de surprises et de dangers.


Le film bascule et les événements s’accélèrent. Un esprit démoniaque frappe ça et là en s’attachant à désunir une famille si unie. Le pivot de l’histoire semble être le nouveau rejeton. La force qui s’acharne sur cette famille met à mal (!!!) la relation mère fils.


Les attaques sont plus nettes que dans le premier film. La thématique de la possession, maintes et maintes fois traitée au cinéma, donne l’occasion au réalisateur de mettre en place une charte graphique sobre mais particulièrement efficace.


Le calme apparent est secoué par des séquences chocs visuellement agréables. Les ressorts de la surprise sont universellement connus. Un placard ou une porte qui claquent ici ou là, une casserole qui se détache sont utilisés depuis des lustres par des metteurs en scène en mal de sensations pour produire l’effet désiré mais tout est question de tempo et de positionnement. Dans "Paranormal Activity 2" les trucs les plus basiques fonctionnent encore.


Après de longs plans fixes silencieux, dans lesquels le spectateur se demande d’où le diable va-t-il sortir de sa boîte, surviennent d’éphémères fulgurances qui glacent d’effroi. Le réalisateur trouve le juste milieu entre le trop peu et le grand guignolesque tape à l’œil. Les ressorts employés sonnent justes.


Les comédiens sont plus qu’à la hauteur. Je devrais même dire : "Honneur aux femmes". Sprague Grayden porte une partie du film sur ses épaules et elle assure un maximum tandis que la jeune Molly Ephraim impose son joli minois à l’écran et un jeu plein de diversité.


"Paranormal Activity" n’innove pas mais divertit indiscutablement. Sur un chemin balisé, le film passionne avec une lente mais inéluctable montée de la tension nerveuse. La conclusion dramatique du long métrage, quasi identique à "Paranormal Activity" premier du nom, n’occasionne pas le même effroi mais plutôt un sentiment de malaise similaire.