Mikie95 : poème AMOUR DE BANLIEUE

Par Illusionperdu @IllusionPerdu

De lui, on dit que c'est un pilier de bar,

qu'il est ivre tous les soirs,

qu'il finira sa vie en prison,

ou bien mort sur le trottoir.

D'elle on ne sait presque rien,

on ne connait que son prénom,

elle à preférer oublier son nom,

et elle traine du soir au matin,

comme une fleur prisonnière du béton.

Et pour avoir moins peur du jour prochain,

ils se sont tendus leurs mains,

unis leurs deux coeurs,

pour le peu de meilleur,

et pour le pire.

Mais ne ferme pas les yeux,

ce n'est pas à cent lieues,

que ça se passe,

c'est à côté de toi, juste en face,

ce n'est pas un amour à cent lieues,

c'est un amour de banlieue.

Dans un vieux cimetière de voitures,

ils font des projets d'avenir,

c'est toujours pour demain la grande aventure,

une ville derrière l'océan en point de mire,

encore une nuit a ne point finir,

encore une nuit a ne point dormir.

Bien sur ce ne sont pas des saints,

mais pourquoi ces regards assasins,

ils n'ont pas du sang sur les mains,

et s'ils font des mauvais coups,

c'est pour survivre avant tout.

Il passe son mal-être,

entre chimères et fantasmes,

loin des spasmes,

des violences urbaines,

à lui raconter des histoires vaines,

des calembredaines,

ici pour l'empêcher de mourir,

chaque jour un petit peu,

une seule tactique, rêver pour deux.

Elle, elle passe son temps,

à lui sourire,

à guetter chacun de ses rires,

volés à la force de l'habitude,

c'est son roméo des ghettos,

son remède à la solitude.

PAEPEGAEY MICHEL