Le mythe du « service public »

Publié le 27 octobre 2010 par Copeau @Contrepoints

Alors que pour les produits du marché une croissance de la demande est vue comme une aubaine permettant d’accroître les ventes et les profits, pour les services publics elle est perçue comme un reproche à adresser aux « usagers ». Les pénuries, les rationnements et les listes d’attente, d’autant plus nombreux que l’économie est collectivisée, apparaissent alors comme symptômes de l’incapacité endémique de l’État à répondre aux attentes des consommateurs : une entreprise privée propose rarement de résoudre la pénurie d’un produit en suggérant à ses clients d’en consommer moins. C’est pourtant bien ce que l’État fait souvent, que ce soit dans des domaines comme la circulation routière, la santé ou l’énergie.

En 2007, l’Institut Constant de Rebecque évaluait la notion de « service public » ainsi que certaines entreprises et services réputés « publics » et la pertinence de leur libéralisation.

En résumé, pour l’institut, le « service public » sert de slogan pratique à bon nombre de politiciens, au point de devenir un mantra incontestable, alors qu’en réalité les services publics consistent en des monopoles étatiques qui servent surtout à maintenir des privilèges pour certains, au détriment de la grande majorité des consommateurs.

Les définitions habituelles du « service public » sont peu convaincantes. Le plus souvent, le « service public » est défini par le fait qu’il serait censé servir « l’intérêt général », contrairement aux services privés qui servent des intérêts privés. Cette distinction s’avère cependant trompeuse puisque l’intérêt général n’existe pas, seuls les individus pouvant faire des choix et avoir des intérêts. Une définition en termes d’objectifs autres que le profit n’est pas pertinente non plus, puisque les profits peuvent, dans de nombreux cas, être cachés sous forme de coûts, notamment en accordant des privilèges excessifs aux employés des entreprises du « service public ». Finalement, les services publics ne peuvent être définis que selon des critères politiques, qui reflètent tout au plus des préférences et des intérêts particuliers.

La théorie des « biens publics » et celle des « monopoles naturels », quant à elles, parfois avancées en relation avec la nécessité pour l’État d’assurer certains services, ne justifient en rien le « service public ». Les « services publics » n’en remplissent guère les critères, et l’expérience montre amplement que la concurrence entre plusieurs entreprises, même dans des domaines réputés « publics », conduit à des baisses de prix. De même, le « contrôle démocratique » sur les « services publics » apparaît comme un mythe : chacun a bien plus de contrôle sur ce qui le concerne sur un marché libre qu’en passant par la démocratie des urnes.

Dans le domaine de la culture et des médias, la diversité des préférences individuelles implique que toute politique étatique intervenant dans le domaine est nécessairement arbitraire, puisqu’elle favorise certaines productions culturelles ou médiatiques au détriment d’autres. Elle réduit donc la diversité et les choix en la matière, au profit de certains qui peuvent financer leurs propres goûts aux frais d’autrui. Dans les domaines des télécommunications, des services postaux, de l’électricité et du transport ferroviaire et routier, les libéralisations plus ou moins avancées qui ont déjà été commencées ont porté leurs fruits, au grand bénéfice des consommateurs, et doivent être poursuivies ou entreprises là où elles ne sont pas encore envisagées.

Restaurer le libre choix du consommateur apparaît comme un impératif tant économique que moral, que ce soit dans le domaine de la culture, des médias, de la poste ou des infrastructures. Afin de mener à bien les libéralisations qui s’imposent, il convient de supprimer les privilèges indus, de déréglementer les secteurs dans lesquels la concurrence est interdite ou entravée, et enfin de privatiser les entreprises encore en mains étatiques.