La désinflation US sur la même pente qu'en 90 au Japon ou le combat de la Fed

Publié le 27 octobre 2010 par Apprendrelabourse.org

La Fed est prête à s'engager dans de nouvelles mesures de soutien à l'économie. Pourquoi ? Comment ? Quel est le bilan d'étape à ce stade ?

Le diagnostic :

Voici en résumé dans l'illustration qui suit ce qui tracasse la principale banque centrale au monde. La désinflation américaine suit actuellement le même chemin que celle observée au japon au début des années 90. Un chemin qui l'a fait doucement glisser dans un second temps sous zéro et entrer dans une déflation caractérisée, une situation dans laquelle le pays est toujours enlisé. L'inflation sous-jacente se situe actuellement aux alentours de - 1% dans l'archipel, en zone négative sans interruption depuis 1 an et demi.

L'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) est ressortie aux USA en septembre à + 0,8 % en rythme annuel après plusieurs mois à + 0,9 %, ce qui correspond désormais à un plus bas plus vu depuis 1961 (un chiffre qui intègre pourtant une hausse de 23,8 % des services hospitaliers qui fait bondir par ricochet de 9,5% l'ensemble des 'services médicaux' dans l'indice, c'est à dire sa plus forte progression mensuelle en 20 ans. Mais près de 50 % des composantes sont en baisse, notamment les 'gros' secteurs du logement et associés et celui des biens durables)

A ce stade il s'agit d'un risque, celui que les US en rouge continuent à suivre cette piste bleu à la japonaise. Un risque qui n'est jamais très éloigné d'une peur encore plus profonde Outre-Atlantique, celle liée à la Grande Dépression.  

 

La méthode & le remède :

Prévenir plutôt que guérir. C'est à dire éviter tout risque de dérapage face à cette inflation basse et à ces pressions qui ne sont pour l'heure que d'ordre désinflationniste (désinflation : c'est toujours de l'inflation mais de l'inflation qui croît de moins en moins vite - nota : on raisonne ici aussi et surtout en terme de 'pressions', c'est à dire en tendance, plutôt qu'en terme 'de mesure absolue' et de pressions durables donc hors prix volatils ou administrés).

Comment ? En indiquant agir pour compenser le moment venu par une nouvelle série de mesures de soutien exceptionnelles identiques à celle mises en place plutôt durant la crise et en indiquant réfléchir aux moyens de guider les anticipations d'inflation. C'est à dire prévenir très en amont (et en jouant sur la communication. C'est le pouvoir et la puissance dissuasive du 'verbe' de la Fed en action résumés par le dicton "Don't fight the Fed !" - Trad. "Ne pas jouer contre la Fed !" -)

Premiers résultats ?

Les anticipations d'inflation viennent d'opérer un nouveau virage  -> Finance - Les anticipations d'inflation se redressent légèrement aux USA

Le marché se met maintenant à douter de l'importance du geste et se réajuste. La pression à l'achat sur les obligations à long terme pour faire baisser les taux et faire repartir l'économie engagée lors de l'annonce du 21 septembre se réduit. Les taux remontent. Ci-dessous la variation des taux des obligations à 10 ans. (Les explications précédentes sur d'autres variables comme l'euro jouent donc également en sens inverse maintenant, l'effet d'aspiration à la hausse tend à se dégonfler sous l'effet d'un différentiel de taux d'intérêt qui s'est élevé depuis peu en faveur du dollar)

 

Le 'carburant' (les liquidités issues de ces nouvelles mesures anticipées) pour les marchés actions se réduit un peu mais une première petite bataille vient d'être remportée vis à vis du marché obligataire.

Prochains temps forts pour juger de l'état de l'économie et de l'importance du 'stimulant' : la publication de la 1ère estimation du PIB US au 3ème trimestre à suivre vendredi à 14H30 attendu en hausse de 2-2,2 % après 1,7 % au 2nd trimestre avant le très important ISM Index lundi, la veille du début de la réunion de la Fed.