Poezibao a reçu n° 148, dimanche 31 octobre 2010

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.

*Jean-Joseph Rabearivelo, Œuvres complètes, tome 1, CNRS en coédition avec Présence Africaine
*Zéno Bianu, Le Désespoir n'existe pas, Gallimard
* Cahier Critique de Poésie, CCP, n° 20 (Charles Olson, Black Moutain College), cipM
*Pierre Campion, L'Agir littéraire, Presses universitaires de Rennes
*Alain Lance, Iran, septembre 1999 suivi de Second retour à Ispahan, mai 2001, Passages d'Encre
*Olivier Lussac, Fluxus et la musique, Les Presses du Réel
*Joseph Julien Guglielmi, Bruno Descout, Une journée sans lunettes, Atelier de Robert Groborne, Passage d'encres
*Bernard Schürch, Czernowitz, un navire à la dérive, Passage d'encres
*Jean-Marc Sourdillon, Les Miens de Personne, La Dame d'Onze Heures
*Revue Passage d'encres, n° 41, cinéma, XXIe s.
*Michel Thion, Le récit du Monde, Color Gang
*Laurent Fourcaut, en attendant la fin du moi, éditionsBérénice
*Patrice Queneau, Juro !, Passage d'encres
*Alain Dantinne, Décalage horaire, L'Arbre à paroles
*Carole Florentin, Plutôt sur ma gauche, Passage d'encres
Notices détaillées de tous ces livres en cliquant sur "lire la suite..."

Jean-Joseph Rabearivelo,
Œuvres complètes, tome 1, le diariste, l'épistolier, le moraliste
Édition critique coordonnée par Serge Meitinger, Liliane Ramarosoa et Claire Riffard
Coll. Planète libre, CNRS Éditions en coédition avec Présence Africaine
1728 pages - 35 €
Léopold Senghor voyait en lui le " Prince des Poètes malgaches ". Sa trajectoire fut fulgurante. Au début du XXe siècle où triomphent sans partage l'idée et la réalité coloniales, Jean-Joseph Rabearivelo (1903-1937), ce jeune homme de couleur, soumis par les aléas de l'histoire à l'une des plus prestigieuses cultures européennes, se découvre, outre un amour passionné des Lettres et de la langue française, le don de l'expression littéraire. Rabearivelo a l'intuition qu'il pourrait devenir le premier " intellectuel " de sa nation et y travaille avec acharnement. Tour à tour poète, journaliste, critique, dramaturge et romancier, historien de sa tradition, collecteur et traducteur de textes anciens comme de textes modernes, rien n'échappe à son emprise créatrice, à cheval sur deux cultures. Rabearivelo a exercé une influence décisive sur la littérature malgache actuelle. Premier volet de l'édition des œuvres complètes de Rabearivelo, ce volume contient journal et lettres, le tout inédit à ce jour.
Contenu du volume 1
Le diariste - L'épistolier - Le moraliste
Introduction générale ou la vie écrite selon JJR, Serge Meitinger
Repères chronologiques, Arianne Andriamaharo, Serge Meitinger, Liliane Ramarosoa
Principes généraux d'édition, Claire Riffard Relecture par les coordinateurs et Laurence Ink
Le diariste
Les Calepins bleus, Témoins secrets (1933-1937)
Texte établi et annoté par Claire Riffard et Serge Meitinger
L'épistolier
Lettres de JJR (1920-1937), texte établi et annoté par Cécile Brugeron
Le moraliste
Le bijou rose et noir
D'un belluaire, textes établis et annotés par Serge Meitinger
Le Désespoir n'existe pas
Coll. Blanche, Gallimard, 2010
21 €
Parution le 9 novembre

" La poésie n'aurait-elle plus rien à nous dire ?
Ne serait-elle plus le lieu privilégié des interrogations humaines ? D'Infiniment proche (L'Arbalète/Gallimard, 2000) au Désespoir n'existe pas, dix ans ont passé. Dix ans en prise avec le balancier de la vie. Dix ans d'écriture. Des poèmes de bord, comme autant de témoignages d'amitié, d'amour, d'admiration, de deuil. Des poèmes animés par un pari farouche : transformer le pire en force d'ascension. Des poèmes pour reprendre souffle et tenir parole. Des poèmes pour ouvrir un espace aimanté, irriguer le réel dans une époque vouée à l'hypnose. Transmettre quelque chose d'irremplaçable : une présence ardente au monde, une subversion féerique.
La poésie - ou la riposte de l'émerveillement " (prière d'insérer)
Revue CCP, Cahier critique de poésie, n° 20
CipM, 2010
15 €
Au sommaire de ce numéro un dossier Charles Olson Black Moutain College avec des contributions notamment de Jean Daive, Yves di Manno, Christian Tarting, Julien Ségura et l'habituelle section consacrée à toutes les parutions poésie, livres, anthologies, revues, etc.
Pierre Campion
L'Agir littéraire
Le beau risque d'écrire et de lire
Presses Universitaires de Rennes, 2010
16 €
" Comment penser la contradiction qui fait de chaque œuvre un objet d'études ou de contemplation et en même temps une aventure chèrement payée et toujours risquée ? Comment penser l'œuvre littéraire principalement au sein de sa propre fragilité : de cette fragilité qu'elle semble dépasser mais aussi conserver en elle et même reconduire parmi nous, ne serait-ce que parce qu'elle se trouve sans cesse suspendue à nos lectures, c'est-à-dire à nos ferveurs, nos humeurs, nos pensées et même nos trahisons ?
Pierre Campion est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Mallarmé. Poésie et philosophie (Presses universitaires de France, 1994), La Littérature à la recherche de la vérité(Seuil, 1996), Lectures de La Rochefoucauld (Presses universitaires de Rennes, 1998), Nerval. Une crise dans la pensée (Presses universitaires de Rennes, 1998) et La Réalité du réel. Essai sur les raisons de la littérature (Presses universitaires de Rennes, 2003). " (dos du livre)
Alain Lance
Iran, septembre 1999, suivi de Second retour à Ispahan, mai 2001
Photographies de Jacqueline Mirsadeghi
Coll. Trace(s), Passage d'encres, 2010
21 €
Des notes de voyage reflétant de nombreux séjours d'Alain Lance en Iran, depuis un premier séjour de 1966 à 1968 comme coopérant culturel, puis en septembre 1999, en mai 2001 et enfin en avril-mai 2005 où il organisa avec Anne Talvaz, Claude Esteban et Jean-Baptiste Para une " caravane des poètes ". Ces notes sont dédiées à tous les amis écrivains iraniens d'Alain Lance.
Olivier Lussac
Fluxus et la musique
Les presses du réel
La première étude des aspects musicaux (et politiques) du mouvement artistique le plus subversif des années 1960.
Les acteurs de Fluxus, tous musiciens, ont toujours considéré la pratique du son comme partie intégrante d'un vaste projet expérimental de création destiné à dépasser les catégories artistiques et le cadre de la musique elle-même, pour atteindre ce que George Maciunas appelait des " buts sociaux, non esthétiques " (c'est-à-dire non soumis à des principes moraux).
A l'origine à la fois de la musique expérimentale et des arts sonores, source d'inspiration de nombreuses pratiques performatives actuelles, la musique fluxus réalise l'anti-art de Dada et le dépassement de l'art des situationnistes en abolissant la frontière entre le créateur et le spectateur et en proclamant l'équivalence entre la musique, l'art et la vie.
L'essai d'Olivier Lussac est le premier en langue française à étudier les aspects musicaux (et les implications politiques correspondantes) du mouvement artistique le plus subversif des années 1960.
Olivier Lussac est professeur à l'Université Paul Verlaine - Metz (Théorie et pratique des arts plastiques) et chercheur au sein du Centre de Recherche sur les Médiations et de l'Institut d'esthétique, des arts et technologies. Spécialiste de Fluxus, il travaille sur les problématiques de la performance, du happening, de la poésie sonore, des nouveaux médias et du son dans les arts contemporains. ( site de l'éditeur)
Joseph Julien Guglielmi (poème), Bruno Descout (photographies),
Une journée sans lunettes
Atelier de Robert Groborne,
Coll. Trace(s)Passage d'encres
14 €
L'ombre pour ainsi dire
les lettres des lettres
leur chute à contre
pour une idée
oubliée par
devers les lignes tremblées

se noie la couleur
neutrale
(p. 7)
Bernard Schürch
Czernowitz, un navire à la dérive
coll. Documents, Passage d'encres
15 €
" Czernowitz, lundi 6 Août 2007
Noire la terre de Bucovine, lourde, riche. La voiture file à travers ses collines d'une douceur paisible, sensuelle. L'émotion fait place au malaise d'hier.
Je fais éteindre la radio. Il faudrait être seul pour aller à la rencontre de Czernowitz. L'irréel bascule dans ce " Là-bas " que je parcours rapidement à mon arrivée. Et fable, toute de suite l'appréhension, la crainte se sont écroulées. Le cœur de la ville, ses façades, s'enflamment de couleurs dans un rajeunissement invraisemblable
" (p. 27)
Le poète suisse Bernard Schürch est né en 1947
Jean-Marc Sourdillon
Les Miens de Personne
Lavis de Gilles Sacksick
La Dame d'Onze Heures, 2010
" Telle est la grande aventure où ce livre nous entraîne : il s'agit de reprendre, à la faveur d'un émerveillement ou d'un drame qui fissurent le corset de nos habitudes, le chemin de notre croissance et même de notre naissance interrompues, d'émerger, d'éclater enfin, à la faveur d'une ouverture que les botanistes appellent "déhiscence", dans la lumière où nous serons accueillis et reconnus comme nous reconnaîtrons ceux qui nous accueillent. La langue qui s'ébauche au creux du balbutiement, et que cherche à entendre pour l'articuler le poète à sa table nocturnes, serait donc "la langue de l'amour qui s'est perdu". " (Jean-Pierre Lemaire, dos du livre)
Revue passage d'encres
n° 41
Cinés, XXIe s.
22 €
Au sommaire de ce numéro, des contributions de Marcel Jean, Pascal Vimenet, Pierre Hébert, Yves Boudier, Federico Rossin,, Hugo Verlinde. Artiste invitée, Julie Coutureau.
Michel Thion
Le récit du Monde
Préface de Paul Méfano
coll. Luminaires, Color Gang
13 €
" Ce livre a été écrit au cours d'une résidence au théâtre Athénor à Saint-Nazaire et Nantes, en 2005-2006. Il a été pensé lors de rencontres, d'écoutes et de dialogues avec les musiciens invités par le théâtre. Enfin il a trouvé son développement et sa forme au cours de séance de jeu et d'écoutes réciproques avec le quintette à vent Le Concert impromptu et avec le guitariste Julien Roux. " (avant-propos du livre)
Il est placé sous l'égide de John Cage (" je n'ai jamais rencontré un son que je n'ai pas aim ") et dédié à Laurent Grisel
Laurent Fourcaut
En attendant la fin du moi
Sonnets
Éditions Bérénice
12 €
" Sonnets. C'est un livre de sonnets. Dans une forme qui n'a de classique que le moule, hérité d'une tradition toujours vivante - la preuve -, l'auteur, hanté par la grande Moule cosmique, livre une manière de chronique au jour le jour, pleine de dérision et d'amers sarcasmes, de ce monde martyrisé et sans perspectives, mais non sans aspirations désespérées, qui est le nôtre en cette première décennie du siècle.
Réactivant une autre tradition, celle du poème adressé, il dialogue avec l'ami Pierre - Pierre Garrigues, de Tunis, fin sonnettiste -, avec qui il échange presque quotidiennement ces sonnets par e-mail. Poèmes sans tabou aucun, ils disent l'émerveillement à répétition devant les femmes croisées dans les bars du quartier (Paris 20e) ou partout ailleurs, et le désespoir de les saisir jamais. Car le poème est un ghetto où le désir forge son propre miroir aux alouettes, même s'il finit par bâtir aussi un monde, tout un petit monde bas, insurgé et mélancolique sous ce qui reste d'étoiles, où se réfracte quelque chose du réel aimé. " (dos du livre)
De retour chez Rabah, Pierre, je bois à nous,
les timbrés du sonnet, les fondus de la rime,
qui cherchons dans la bière alternative au crime,
à la source de sang tétée comme nounou
.
[...]
Patrice Queneau
Juro ! suivi de Ma plus belle aurore, et Nuages anarchistes
coll. Trait court, Passage d'encre
5 €
" Parfois, sur cette côte d'Émeraude balayée par les vents, la magie du flux et du reflux se dissout. Elle s'évanouit superbement dans une lumière d'outre-tombe jusqu'à n'être plus signalée que par le vide, l'absence, la solitude. " (p. 9)
Alain Dantinne
Décalage horaire
L'Arbre à paroles, 2010
12 €
" À lire Alain Dantinne, le monde serait une immense salle d'attente, un quai de gare et bien sûr le dernier train s'en est allé. Et les villes sont là dans leur nuit, leur duplicata qui ressemble à une vertigineuse question. Elles sont le décor dérisoire de nos états d'âme. Que de gourmandes amertumes. Le désarroi serait-il une des composantes du bonheur ? À parcourir ce Décalage horaire, nous serions toujours l'étranger dans la maison, à se demander où est la chambre que l'on nous destinait. On pousse une porte. Ouf. C'était là ! " (Jo Dekmine)
" Alain Dantinne est un bouffeur de continents. Il découvre à seize ans les textes d'Achille Chavée, il ne s'en remettra jamais. La lecture de poètes tels Michaux et Cendrars l'emmène dans l'écriture du voyage. Guillevic et Char lui apprennent la rugosité du monde, Genet et Moreau, celle des frères humains. Aujourd'hui, il vole maladroitement de ses propres ailes ; il enseigne aussi, la philosophie dans des milieux huppés, le doute et l'étonnement ailleurs. Il commet des pastiches, et l'assume. Il n'a toujours pas lâché son dernier mot. " (dos du livre)
Carole Florentin
Plutôt sur ma gauche
coll. Trait court, passage d'encres, 2010
5 €
" Ce que la mémoire retient ressemble à ces plantes aquatiques dont les limbes, à l'extrémité de leurs longues tiges, ne flottent pas à l'aplomb de leur racine, mais un peu plu loin, emportés par une légère brise ou un faible courant " (p. 6)