Festival BD : Alger, nouveau carrefour international de la BD ? (épisode 3/8)

Par Manuel Picaud
Le programme des expositions était riche. Le public a pu parcourir les trois halls d’exposition. La bulle centrale était réservée à Ahmed Haroun, l’une des figures du dessin de presse algérien.
La tente auxiliaire contenait notamment la BD suisse, quelques exemples de Cosey à Zep. Elle accueillait aussi l’artiste trentenaire d’origine new-yorkaise Native Maqari. Ce globe-trotter installé à Paris est un expert en calligraphie et en fresque murale. Face à lui, était exposé les œuvres d’un autre jeune prodige Maximilien Le Roy d’à peine 25 ans, ému par ses voyages en Palestine qu’il consigne dans plusieurs albums dont Faire le Mur.

Et le hall principal mettait en avant une autre diversité d’artistes. Des européens à l’image de Jacques Ferrandez (ci-contre en compagnie de la ministre de la culture Toumi Khalida lors du vernissage) pour son album l’Hôte, une adaptation de la nouvelle d’Albert Camus parue chez Gallimard sur le thème du début de la Guerre d’Algérie. Figuraient aussi A.dan et Laurent Galandon (ci-contre à gauche), prix 2009 pour leur vision de la Guerre d’Algérie dans le diptyque Tahya El-Djazaïr (Bamboo, collection Grand Angle) ainsi qu’Albert Drandov et Franckie Alarcon pour Au nom de la bombe (Delcourt) pour une BD reportage sur les essais atomiques de l’Armée française dans le désert algérien.
présentation de l'exposition Au nom de la bombe par Albert Drandov et Franckie Alarcon
la ministre de la culture Toumi Khalida lors du vernissage © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Le comics américain était représenté par Brandon Jerwa (ci-contre) ou encore le graphic novell par Josh Neufeld qui a témoigné sur l’ouragan Katrina. Il y aurait dû avoir aussi l’exposition de l’Argentin Quino et son célèbre personnage Mafalda. L’auteur très âgé a finalement refusé de venir malgré l’acceptation de toutes ses conditions. Du coup, les organisateurs ont décroché les cadres…
Côté africain
, Didier Kassai primé l’an passé incarnait la relève. On (re)découvrait Redouane Assari, alias Red-One, un dessinateur d’origine algérienne installé à Paris qui vient de publier avec Omar Zelig une anthologie de toute beauté aux éditions Dalimen, intitulée l’énigme du mystérieux dessinateur oublié où on est notamment ébahi par ses dessins d’automobiles (ci-dessous).

On était scotché par Kamel Khelif, autre illustrateur algérien installé lui à Marseille, dont le style sombre réalisé avec ses mines de plomb, ses crayons gras, son encre de Chine, ses feutres ou ses fusains ne laisse pas insensible. Après Homicide et Le Prophète parus aux éditions Z, il a publié chez Amok Les exilées/ histoires et Ce pays qui est le vôtre.Un épais et luxueux catalogue édité par les éditions Dalimen donnait le plus souvent les indications sur les auteurs, mais aussi les reproductions des planches et dessins exposés. Dommage cependant qu’à part quelques kakémonos ces informations ne figuraient pas sur les panneaux à côté des œuvres. Une belle opportunité didactique perdue…
Par ailleurs, seule l’exposition de Jacques Ferrandez était véritablement mise en valeur par de grands panneaux peints. En clair, les expositions étaient plutôt des accrochages de reproductions voire d’originaux qu’une exposition telle qu’on peut les voir à Angoulême, Blois ou Saint-Malo.
exposition d'Haroun dans la bulle centrale © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Reste que les œuvres montraient une belle diversité du 9e art et l’amateur en prenait plein les yeux ! Il découvrait un large spectre de styles et de provenances. Les dessins ténébreux de Kamel Khelif qui a réalisé en direct une immense et superbe fresque étaient une véritable claque.

Comme d’ailleurs ceux de Native qui a lui aussi réalisé en extérieur une fresque géante très lumineuse.
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Photos du Festival international de bande dessinée d’Alger en octobre 2010 © Manuel F. Picaud / Auracan.com
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