Test de Castlevania : Lords of Shadow

Publié le 05 novembre 2010 par Axime

Belmont blanc vanille

Après avoir siégé au panthéon du jeu vidéo pendant les années 90, la série Castlevania a doucement perdu de son souffle avec l'arrivée des épisodes 3D et ne s'en est jamais réellement remise. Cependant, tel un Belmont mal en point, elle n'a jamais baissé les bras, essayant de se relever afin de devenir plus forte et de retrouver son aura d'antan. Tirant un trait sur les épisodes 64, les volets sur PS2 proposaient un background intéressant et fouillé, digne de la licence, mais se heurtaient cependant à une prise en main trop brouillonne voire laborieuse. L'annonce d'un reboot de la série l'année dernière, développé par Mercury Steam, un studio espagnol pas forcément très connu a bien entendu divisé les foules, comme à chaque fois que l'on touche à un monstre sacré. Lords of Shadow étant à présent arrivé, il est temps d'effectuer un bilan définitif, sans aucun à priori ni aucune concession. La famille Belmont va-t-elle retrouver sa noblesse ou continuera-t-elle à évoluer dans l'ombre d'un passé trop lourd à porter ?
L'histoire de ce Castlevania se veut plus grande et ambitieuse que celle de ses prédécesseurs. Gabriel Belmont, le héros que nous suivrons pendant toute l'histoire, est à la poursuite d'un but à priori impossible, qui sera en perpétuelle évolution au cours de son périple. D'une simple histoire de vengeance dans une introduction qui ne laisse place à aucun répit, le personnage principal glissera ensuite entre ombre et lumière, oscillera entre espoir et détresse. Ces forces antinomiques sont cependant bien plus fortes que celle qui l'animait au départ et c'est ce qui lui permettra d'avancer sans cesse, contre vents et marées, pour tenter de ressusciter sa bien-aimée, ôtée à la vie trop rapidement par des êtres démoniaques, oubliant sa mission originelle qui était de comprendre pourquoi Dieu avait été coupé du monde, laissant libre champ aux forces du mal.
Sans être d'une originalité transcendante, le scénario de ce Lords of Shadow a le mérite de plonger le joueur dans une perpétuelle impression de malaise qui aurait pu permettre au joueur d'être happé dans une histoire sombre et le destin d'un héros maudit. Cependant, la construction du titre en chapitres empêche d'être réellement pris dans cette déferlante de sentiments bien souvent noirs et il est difficile de se sentir concerné par la tristesse de Gabriel. Le joueur est en effet trop souvent soumis à des interludes qui perdent en intensité et qui tentent tant bien que mal de lier chaque morceau de scénario sans jamais réellement y arriver. Il arrive régulièrement de se retrouver propulsé d'un endroit à un autre sans savoir pourquoi, avec un changement de bestiaire déroutant notamment.

L'univers de la série Castlevania a presque toujours été dicté par une série de lois immuables et incontournables. La principale est l'évolution des personnages dans un monde gothique, peuplé de squelettes et de vampires, dans des châteaux immenses aux galeries nombreuses et parfois infinissables. Là également, Lords of Shadow voit plus grand et mixe sans vergogne le gothique avec le baroque et le celtique. Cela offre un bestiaire très varié, peuplé de trolls, de loups garous, de vampires et d'araignées géantes, mais aussi de diablotins et de squelettes. Si le tout éloigne un peu cette nouvelle mouture de la série originale, lui faisant perdre son identité si particulière en élargissant ses influences, on ne peut cependant critiquer l'envie des développeurs d'offrir aux joueurs une aventure variée dans les monstres à tuer. Le reste de l'ambiance colle parfaitement avec la philosophie de la licence, plongeant Gabriel dans un monde oppressant, peuplé de créatures cauchemardesques. L'environnement sonore y est également pour beaucoup, les doublages étant d'excellente facture tout comme les sons émis par les bêtes que vous serez amené à affronter. Mercury Steam s'est donc parfaitement imprégné de cet élément pour le restituer de manière très pertinente.


Le studio espagnol a également réalisé un travail de haute volée en ce qui concerne l'aspect visuel de Lords of Shadow. La grandeur des environnements est très bien retranscrite et le titre vous en mettra plein la vue pendant les quinze heures que dure l'aventure. Chaque nouveau chapitre est l'occasion d'arpenter un décor totalement nouveau, empêchant la monotonie et décrochant régulièrement la mâchoire. On sera donc amené à visiter un immense château, à se débattre dans une forêt luxuriante peuplée de loups-garous, à se les geler dans une immense zone enneigée ou à découvrir béat les ruines d'une ancienne cité. L'animation des personnages est également très soignée tout comme les finish de Gabriel lorsqu'il a suffisamment affaibli ses ennemis pour les occire dans un petit QTE soigné. La finesse du tout n'a d'égal que la multitude de détails posés ici et là et ce Castlevania frappe ici un grand coup s'imposant comme l'une des références de cette génération.
Le titre évite également de s'enliser dans une 3D mal pensée. La caméra fixe est généralement toujours à sa place et évite notamment de se retrouver avec des ennemis dans le dos. Elle occasionne certes quelques manques de lisibilité et empêche parfois de voir un chemin au coin d'un mur ou de régler correctement un saut à priori aisé, mais cela est assez rare et ne nuit pas à l'expérience de jeu.


Lorsque l'on explore différents Castlevania, on se rend rapidement compte que la série n'a jamais suivi un genre défini. Parfois simple Beat Them All (Rondo of Blood), d'autres fois action/RPG d'une richesse incroyable (Symphony of the Night), le seul point commun de tous les titres est au final une exploration importante, contenant moults passages alternatifs et reposant sur un level design souvent labyrinthique. De ce point de vue là, Lords of Shadow est assez paresseux et n'offrira, à l'exception de quelques embranchements plus ou moins cachés, qu'une avancée dans des couloirs assez étroits. On se retrouve donc avec le désormais classique schéma alternant couloirs, phases d'escalade, énigmes et arènes de combats. 
Avant de revenir à cette alternance qui manque de mordant, attardons nous sur le système de combat qui s'autorise quelques originalités bien senties. Belmont ne se bat plus avec un fouet, comme c'était le cas de tous ses ancêtres, mais il utilise une croix de combat. Celle-ci peut cependant se déployer, faisant alors étrangement penser aux lames d'Athéna de Kratos. L'amalgame entre les deux personnages ne s'arrête pas là, puisque les systèmes de jeu sont relativement équivalents dans leur approche. Vous gagnerez des points d'expérience vous permettant de débloquer de nouveaux combos, et alternerez attaques à distance, combat rapproché et esquives de la même manière que dans un God of War. Ce système a plusieurs fois fait ses preuves et est assez efficace, d'autant plus qu'il est soutenu par une ossature bien pensée. En effet, Gabriel récupérera au cours de l'aventure l'accès à deux formes de magies aux fonctions bien distinctes. La magie divine lui permettra, lorsqu'elle sera activée, de regagner des points de vie à condition de toucher ses ennemis, tandis que la magie des ténèbres occasionnera en lui une montée de puissance. Chaque magie aura également ses propres combos, qui sont tous assez classes et jouissifs. Cependant, avoir accès à cette magie ne se fera pas en se croisant les bras puisqu'il faudra remplir vos jauges en récupérant de l'élément neutre sur vos ennemis. Celui-ci est symbolisé par des sphères qui apparaissent à la mort d'un de vos opposants, mais elles sont en nombre assez faibles et vous serez rapidement à cours de magie par ce biais. Cependant, une troisième jauge est présente, qui se remplit elle uniquement lorsque vous faites preuve d'adresse. Une fois pleine, elle permettra l'apparition d'élément neutre à chaque fois que vous toucherez un méchant. Il vous faudra donc manier avec brio l'esquive tout en tapant à point nommé pour remplir cette jauge et récupérer de quoi déclencher vos pouvoirs le plus souvent possible. Ce système permet de récompenser les joueurs les plus talentueux sans pour autant léser les joueurs moyens. Pour en terminer avec les possibilités du héros pendant les combats, sachez qu'il a également la possibilité d'utiliser quatre objets différents en plus de sa croix. On retrouve donc les incontournables poignards ainsi que l'eau bénite, mais aussi les fées et un cristal. Si les trois premiers ont des effets divers selon le type d'ennemi visé, le dernier déchaine dans tous les cas une puissance incroyable bien pratique contre les boss les plus retors .


Le système de combat de ce Lords of Shadow est donc très carré et ne souffre d'aucun réel défaut, si ce n'est qu'il n'est pas assez utilisé. La plupart des combats ne poussent pas forcément à utiliser la magie, si ce n'est pour récupérer de la vie après un certain temps. Pire que cela, les phases d'affrontement sont noyées au milieu des autres et le rythme de l'aventure devient au final assez poussif. Les moments épiques que l'on était en droit d'attendre ne sont pas assez nombreux et l'on passe plus de temps à jouer les alpinistes qu'à combattre. Cela n'aurait pas forcément été gênant si Gabriel avait été un peu plus agile et s'il n'avait eu besoin de quelques instants à chaque saut sur une corniche avant de se stabiliser. Si Lords of Shadow s'inspire pour ces phases d'Uncharted, il n'arrive jamais à faire preuve de la maîtrise de ce dernier. Les actions effectuées par le héros sont beaucoup plus décousues et prennent plus de temps, le rendant certes plus humain que Nathan mais lui conférant également un côté énervant et rébarbatif. Il en va de même pour certaines phases qui ralentissent l'action de manière inexplicable et pas toujours très pertinente. La plus flagrante est certainement l'ouverture de certaine portes, qui prend régulièrement quelques secondes de QTE et qui viennent là également casser un rythme pas si soutenu que cela. A trop vouloir s'éparpiller ou simplement à vouloir respecter un système de jeu maintenant plus ou moins défini mais pas forcément pertinent, Mercury Steam s'égare dans les mêmes écueils que pour le scénario et n'arrive jamais réellement à plonger le joueur dans une aventure qui aurait pu être palpitante sans cela. Les énigmes enfin, ne sont pas non plus toutes très intéressantes, même s'il arrive que certaines soient vraiment bien pensées.

Note finale
6 / 10
Beau, long et dense, ce Castlevania : Lords of Shadow est au final assez paradoxal. A quelques encablures de l'excellence, il s'égare en chemin en voulant piocher dans trop de références. Il en résulte un manque de personnalité, qui peut simplement se résumer à la ressemblance de Gabriel Belmont avec Kratos (les cheveux en plus), qui fait perdre au titre une partie de son intérêt. Mais le plus gênant reste sans doute son rythme trop haché, aussi bien dans l'action que la narration, ce qui peut occasionner un manque d'intérêt de la part du joueur et risque parfois d'amener ce dernier à s'ennuyer.
On a aimé

Les graphismes
La durée de vie
La magie

On n'a pas aimé

Le manque de personnalité
Le manque de rythme

On s'en tape

Les vampires ne sont pas propres
Pan n'a pas de flûte

Par melkor Hier à 21h40
  • Mewa Pan n'a pas de flûte XD
    Merci encore pour le test, j'aurais cru un peu plus, mais dès que j'ai l'occaz je me le choppe il y a 6 heures
  • Hearths Bien joué Melkor, sur ce coup.
    Exactement ce que l'on pourrais dire sur ce jeux .... Beau, dense ... avec peu d'âme tout son souci, ésperont, si il y a un second opus une plus grande "personnalité". il y a 4 heures
  • Mookie Je pense que l'on à suffisement débattus ensemble sur ce jeu pour que tu connaisse mon point de vue
    Le jeu mérite un point de plus. Oui, 7/10, pas au delà cependant.
    De la personnalité, il en a!
    Ce jeu est unique dans son histoire (Certe mal narrée, mais bourrée de bonnes idées) et dans son background (Sans défaut).
    Le gameplay est diverssifié mais, mais... Mais pas assez unique. C'est sur ce point, et uniquement celui là, que Lords of Shadow pèche et ne deviens pas le grand jeu qu'il à failli être, a quelques centimètres de la ligne d'arrivée.
    Les moments épiques sont présents, mais il sagis de mise en scène, de tension narrative ou autre, pas de moment de jeu jamais vu dans le média.
    Dommage qu'il il rate une marche aussi important, restant cependant pour moi, comme pour d'autres, l'une des meilleures surprises de l'année. il y a 3 heures
  • Azasel Je me suis procurer le jeu récemment, et je suis tomber sur le cul. C'est un excellent jeu. Il a ses défauts, surtout la caméra fixe,mais le reste c'est terrible.
    Je voyais des God of war sur ps3 et je trouvais qu'il manquait se style sur 360. Je crois que lors of shadow est une bonne alternative. il y a 1 heure
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Castlevania : Lords of Shadow

  • X360
  • Genres : Action / Aventure
  • Sortie FR : 07 octobre 2010
Note
(4 votes)
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