Il n’y a pas de repas gratuit

Publié le 05 novembre 2010 par Nicolas007bis



Les Echos se font l’écho (jeu de mot hilarant) d’une enquête réalisée par l'institut BVA et Orange pour le Forum d'Avignon, qui nous apprend que 44% des internautes n’accepteraient de payer pour « aucun contenu culturel sur le net ». Ce taux tourne à un faramineux 82% chez les moins de 25 ans !

Ce sondage montre bien que même si on propose des solutions de téléchargement faciles et bon marché (ce qui n’est pas encore le cas), le piratage a de beaux jours devant lui !

Les sondés évoquent souvent leur maigre pouvoir d’achat pour justifier qu’ils ne peuvent vraiment pas payer les biens culturels qu’ils consomment.

Mais pour autant, pas question de se priver de la musique que l’on a envie d’écouter, du film qu’on a envie de regarder voire bientôt du bouquin que l’on a envie de lire, sous l’insignifiant prétexte qu’on n’a pas de quoi les payer !

Malgré tout, quelque part, on se rend quand même un petit peu compte qu’il y a un problème de principe et que d'une manière ou d'une autre quelqu'un doit payer la note et vers qui se retourne-t-on pour la régler la note ? …je vous le donne en mille….vers notre père nourricier à tous……..l’Etat !!…voire les collectivités locales ( 60% des sondés considère que c'est à l'Etat ou aux collectivité locales de payer) !!!!....avec, tant qu’à faire, une participation des entreprises !!!!

Mais après tout, quoi d’étonnant que de se trouver dans cette situation absurde !

On a d’un coté une technologie qui permet la diffusion facile et peu onéreuse, au monde entier, de tout ce qui peut-être numérisé, d’un autre côté, on a une culture du faux gratuit sur Internet qui laisse croire qu’on peut ne pas rémunérer le travail et les investissements !

Or, ce n’est évidemment pas parce qu’ils ne sont pas directement payés par le consommateur final, qu'un bien ou qu'un service n'a rien couté !...ici c’est la pub qui paye donc les annonceurs donc le consommateur des produits vendus par ces annonceurs, là ce sont les acheteurs de la version payante du logiciel, là encore, ce sont les acheteurs de la version papier du journal ou plutôt l’Etat via les subventions etc etc

Il faut être conscient que ce que l’on appelle la culture du gratuit sur Internet n’est qu’un leurre, comme dit très bien le proverbe, il n’y a pas de repas gratuit, ça n’existe pas ! … il y a toujours quelqu’un, qui, en définitive, paye la note !

Ce quelqu’un, il se trouve que les internautes ont décidés que ce seraient les majors, terme générique pour désigner ces sociétés qui s’en foutent plein les fouilles sur le dos du pauvre amateur de musique ou de films voire sur celui des artistes qu’ils exploiteraient !

Ce n’est pas nécessairement tout à fait faux mais, avouons le, c’est une manière un peu facile de justifier que l’on se serve allégrement dans leurs boutiques sans rien leur donner en échange, soit disant qu’avec Internet, elles sont ouvertes à tous les vents et accessoirement que les couts de distribution sont faibles !

Parallèlement, on fait croire aux internautes que l’accès à la Culture est un droit (c’est la logique de la carte musique jeune) et comme on qualifie de culturelle n’importe quelle merdouille qui se lit, s’écoute ou se regarde, rien d’étonnant à ce que personne n’accepte de payer pour quoi que ce soit !

Si on ajoute à tout cela, l’aveuglement des sociétés de productions de biens « culturels » qui n’ont pas encore compris qu’il fallait faire évoluer leur modèle économique pour l’adapter à la nouvelle donne technologique, certains n’ont pas fini de manger gratos et d’autres n’ont pas fini de payer la note !

Ps: Le lecteur attentif aura remarqué que je n'ai pas évoqué l'ami HADOPI pourtant très lié au sujet. compte tenu de la popularité du machin, je n'ai pas voulu risquer le quiproquo sur un système dont j'ai déjà dit tout le mal que j'en pensais. Malgré tout, ce truc honni par tous est bien une conséquence néfaste de la situation que je viens de décrire.